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André Marty et les Brigades internationales, un sujet indissociable

André Marty et les Brigades internationales

Journaux

André Marty et les Brigades internationales, un sujet indissociable

Texte d'Edouard Sill et de Rémi Skoutelsky

 

 Le déclenchement de la guerre d’Espagne, en juillet 1936, et la création des Brigades internationales qui s’en suivit, en octobre 1936, ont donné l’occasion à un cadre communiste français de prendre une envergure mondiale et d’incarner, par son nom et sous sa direction, la geste des volontaires internationaux vers l’Espagne républicaine. Par son immense production littéraire et documentaire, dont l’exploration des archives des Brigades internationales sises à Moscou ne cesse de nous montrer l’étendue, André Marty a été le principal rédacteur et orateur des Brigades internationales et a, par conséquent, largement influencé leur expression, leur cadre de référence et leur système de représentation. Jusqu’en 1952, il fut en outre le maître d’œuvre de la construction mémorielle de cette « épopée sublime », pour reprendre ses propres choix lexicologiques, qui irrigue encore aujourd’hui notre compréhension de cet objet historique exceptionnel. Cette situation ambivalente oblige cependant à une certaine précaution dans l’usage des textes et discours élaborés par André Marty pour parvenir à retrouver et identifier les formes collectives sous-jacentes et la plasticité de l’organisme hybride que furent les Brigades internationales.

 

Personnage indissociablement lié aux Brigades internationales, André Marty subit, à son exclusion, en 1952, du PCF et, en 1953, de l’AVER, une véritable damnatio memoriae, qui le gomma de l’histoire communiste et, par conséquent, de celle de la guerre d’Espagne. Cet effacement, tatillon et presque complet, est survenu au moment même où les premières monographies communistes sur les Brigades internationales étaient rédigées en Europe occidentale, à partir de 1956. Malgré cet index, sa présence fut suffisamment vigoureuse pour rejaillir d’elle-même, partiellement dans la première histoire officielle communiste parue en 1972, sans avoir été réhabilité, et totalement dans les monographies nord-américaines et françaises contemporaines, devenues aujourd’hui des classiques. Son retour des limbes historiques fut cependant marqué par une mémoire ambiguë, la plus souvent hostile, qui fait singulièrement pendant à l’apothéose qu'il reçut avant sa chute, ce qui atteste du pouvoir de fascination intact de l’homme comme du personnage.

Un choix réfléchi du Komintern

Décidées et définies comme un projet politique unitaire de front populaire, les Brigades internationales ne pouvaient en aucun cas se revendiquer de leur unique paternité, c’est-à-dire de l’Internationale Communiste. Tout au contraire, leur création devait être présentée comme entièrement spontanée. Il fallait néanmoins une figure, un chef prétendument choisi parmi et par les volontaires internationaux. Ce rôle de composition fut dévolu par le Komintern à André Marty et ce dernier ne quitta véritablement ce personnage qu’à son exclusion du PCF en 1952.

Sa relative notoriété de militant internationaliste, gagnée lors de la mutinerie de la mer Noire, le dotait d’une légitimité et d’un indispensable prestige, renforcés par sa situation de député du Front populaire français. Secrétaire du Komintern, ancien sous-officier de marine, homme à poigne, hispanophone et grand connaisseur de l’Espagne, il avait, de plus, l’avantage d’être déjà sur place, à Madrid comme observateur militaire. La question des volontaires étrangers l’intéressait particulièrement. Probablement sous sa propre initiative, il avait exprimé le souhait de voir les combattants étrangers présents à Madrid rassemblés dans une unité internationale ad hoc, alors même que Maurice Thorez, demandait l’autorisation de Dimitrov et Staline à Moscou de pouvoir diriger vers l’Espagne des volontaires venus de France. André Marty reçut a posteriori la mission de diriger un projet politico-militaire dont il ne fut pas l’architecte et dont il ignorait d’ailleurs la décision. Vers le milieu du mois d’octobre, André Marty et d’autres cadres militaires communistes étrangers également présents à Madrid reçurent leur lettre de mission et furent mutés à Albacete pour rejoindre l’Italien Luigi Longo « Gallo » qui y accueillait, depuis le début du mois, des milliers de volontaires envoyés de France. Le premier conseil militaire fut tenu le 20 octobre et André Marty en prit immédiatement la direction, sans aucun titre politique ou militaire officiel. Cependant, le rôle de légat kominternien d’André Marty évolua fortement entre 1936 et 1939 et trois séquences distinctes ont marqué son mandat de dirigeant des Brigades internationales.

André Marty et les Brigades internationales, première période : un principat rapidement contesté (octobre 1936 – avril 1937)

Projet indépendant du dispositif militaire soviétique en Espagne, les Brigades internationales ont disposé durant leur six premiers mois d’une autonomie presque complète tant vis-à-vis des autorités républicaines que des différents agents soviétiques présents. De ce fait, André Marty bénéficia d’une hégémonie seulement limitée par son obligation d’associer ses décisions à l’accord de deux délégués soviétiques : l’un militaire, le colonel Simonov (nom de code « Valois »), établi à Valence et semble-t-il non remplacé à son retour en URSS à l’été 1937, et l’autre politique : Ivan Petrovitch Stepanov dit  « Moreno », ou encore « Step ». Ce dernier fut le véritable délégué du Komintern auprès des Brigades internationales et le « surveillant » d’André Marty. Des découvertes récentes dans les archives attestent de l’absence d’interférences soviétiques majeures dans un organe en fait totalement dominé par André Marty et les représentants des partis communistes nationaux. Le chef des Brigades internationale sait déléguer, ne se mêle pas des nominations militaires, encore moins des opérations sur le front, et n’interfère pas dans les affaires de Luigi Longo, devenu le responsable du commissariat politique. Mais cela ne l’empêche pas de faire beaucoup de bruit, et pas toujours pour rien.

À partir du début du mois de décembre 1936, de nombreux signaux faisant état d’un dysfonctionnement majeur à Albacete parvinrent au Bureau politique du PCF, puis directement à Moscou : des milliers de déserteurs et de mécontents quittaient les Brigades internationales, frappés de sidération par la réalité de la guerre et les défaites subies, et se répandaient ensuite en imprécations contre le Parti Communiste, en France comme en Belgique. L’autoritarisme de Marty et l’omniprésence de rumeurs formaient un climat délétère à Albacete. Les plaintes s’amoncelaient, adressées à plusieurs députés et cadres communistes importants : comportement arbitraire, agressivité, menaces d’exécution avaient considérablement et durablement choqué. D’autre part, le jugement en cour martiale suivi de l’exécution du capitaine Delesalle, commandant français du 12ème bataillon La Marseillaise, avait suscité un malaise perceptible. Nous savons désormais que ce procès-simulacre fut un épisode unique dans l’histoire des Brigades internationale et intégralement ordonné par André Marty.

Pour ces raisons notamment, Maurice Thorez effectua un séjour en Espagne début janvier 1937 et fit une visite surprise dans les Brigades internationales, où il eut l’occasion de s’entretenir avec de nombreux volontaires. Maurice Thorez fit un compte-rendu de son séjour en Espagne devant le Bureau politique du PCF, communiqué à Moscou vers le 8 février 1937, dont le contenu était accablant pour la gestion d’André Marty : « En résumé le problème est d’ordre politique et psychologique en ce qui concerne la question essentielle, celle du maniement des Brigades internationales». D’autre part, André Marty présentait manifestement une orientation non conforme de l’application de la ligne de Front populaire, aspect largement souligné par Maurice Thorez à Moscou et confirmé par Stepanov. En mars 1937, ce furent cette fois les responsables du PCE qui firent connaître au PCF leur refus de travailler avec André Marty. La sanction tomba : André Marty devait venir s’expliquer à Moscou. Il y présenta un rapport complet sur son activité en mars. Il ne fut pas reconduit dans ses fonctions en Espagne et retenu à Moscou, sans être toutefois désavoué. François Billoux, homme lige de Maurice Thorez, assura officiellement l’intérim à Albacete dès le 25 mars 1937. Il avait été précédemment envoyé en Espagne sur décision du Comité Central du PCF comme représentant français auprès du PCE et des Brigades internationales.

L’intermède moscovite (avril - octobre 1937)

Il n’y eut pas de remplaçant d’André Marty durant son absence, un triumvirat composé du français Maurice Lampe, de l’Allemand Gomez (alias de Wilhelm Zaisser) et du Bulgare Bielov (alias de Loukanov Carlo Feodor) remplacèrent ensuite François Billoux. Son éloignement permit incontestablement de régler un certain nombre de problèmes et de décrisper sensiblement les rapports entre les Brigades internationales et l’intégralité de leurs interlocuteurs et partenaires. Durant son séjour forcé à Moscou, André Marty ne fut pas déchargé de son suivi des Brigades internationales mais n’était plus investi de responsabilités. Sa stature de chef spirituel des Brigades internationales ne fut pas remise en cause et différents rapports rédigés à Albacete lui parviennent par l’entremise de Luigi Longo et Vital Gayman, commandant de la Base d'Albacete. Il rédigea quelques articles publiés dans la presse communiste et celle des Brigades internationales, et prépara son retour. En effet, maintenu hors d’Espagne durant sept mois contre son gré, il n’a cessé de faire connaître sa pleine disponibilité. En août 1937, il était directement consulté sur la situation espagnole et un rapport portant sa signature fut transmis à Staline.

André Marty et les Brigades internationales, seconde période : le retour du chef (novembre 1937- février 1939)

En septembre 1937, le Komintern opéra un changement radical dans sa politique espagnole qui eut naturellement des conséquences très importantes pour les Brigades internationales. À l’été 1937, celles-ci étaient désormais composées en majorité de recrues espagnoles et étaient secouées par plusieurs crises internes d’ordres structurel, politique et psychologique. Le nouveau plan directeur communiste décidait, premièrement, d’un second recrutement massif de volontaires étrangers pour pérenniser le projet, deuxièmement, du placement des Brigades internationales sous la tutelle directe du Parti Communiste espagnol et, troisièmement, du renvoi en Espagne d’André Marty, comme cadre dirigeant chargé de la bonne application des nouvelles directives. Son retour en novembre fut placé sous le contrôle du nouveau légat du Komintern en Espagne, l’Italien Palmiro Togliatti (remplaçant de l’Argentin Codovilla en juillet 1937).

Avant l’Espagne, André Marty fit un séjour remarqué en France, où il fut la vedette de deux grands meetings pour l’Espagne, l’un au Vel d’Hiv à Paris et l’autre à Perpignan, dans le cadre de la seconde campagne de recrutement. Enfin, revanche sur ses pairs, Marty présentait au PCF les détails des nouvelles orientations du Komintern lors du Comité Central du 29 octobre 1937. Son intervention, expurgée, fit l’objet d’une édition officielle sous le titre L’Espagne, bastion avancé de la liberté et de la paix.

Le nouveau mandat d’André Marty en Espagne et ses prérogatives furent strictement circonscrits à l’application des directives du Komintern concernant les Brigades internationales. Il n’eut aucune fonction définie, sauf au sein du PCE, dont il rejoignait désormais le Comité Central comme responsable des cadres étrangers. La décision du Komintern d’insérer désormais l’infrastructure politique des Brigades internationales dans le PCE signifiait une révision complète de l’encadrement, jusqu’alors presque exclusivement étranger. Une grande épuration des cadres fut initiée début 1938 et liquida définitivement l’appareil de direction transnationale créé durant les premiers mois de manière totalement empirique. Son fonctionnement avait été erratique du fait de sa grande dépendance envers les interventions des partis communistes représentés dans les Brigades internationales.

André Marty s’est immédiatement occupé de restaurer la confiance et de remettre les brigades en état opérationnel. Durant la déroute d’Aragon en mars-avril 1938, il rejoint les unités démoralisées et procéda à une reprise en main particulièrement brutale qu’il faut replacer dans le contexte épouvantable du moment, objet de la stupeur de certains dirigeants et de la panique des soldats. Sous son impulsion, les Brigades internationales furent reformées, remotivées et réorganisées en moins de deux mois et rejoignirent l’armée de l’Èbre dans un état de préparation inédit.

En août 1938, André Marty reçut du Komintern la mission de préparer la démobilisation des étrangers des Brigades internationales et leur retour dans leur foyer. Les Brigades internationales furent dissoutes en tant qu’unités militaires, mais la structure demeura à travers l’encadrement des camps de démobilisation. Il franchit les Pyrénées début février 1939, avec les 6 000 vétérans n’ayant aucune solution d’accueil hors d’Espagne, et dont la plupart avaient repris les armes en janvier lors de l’offensive italo-espagnole qui vit la chute de la Catalogne.

André Marty et les Brigades internationales après l’Espagne (février 1939 - automne 1952)

En plus de la mission de liquidation des Brigades internationales et de l’accompagnement du retour des volontaires étrangers, André Marty fut chargé de la capitalisation politique de la geste des Brigades internationales en Espagne et de la supervision des vétérans rentrés chez eux. Il n’eut guère le temps de s’en occuper puisqu’il fut principalement occupé en 1939 à trouver une solution pour extraire les vétérans internés dans le camp de Gurs où les autorités françaises concentrèrent les étrangers non espagnols revenus d’Espagne. Président de l’AVER, l’association des vétérans français, il prépara plusieurs évènements célébrant les Brigades internationales prévus pour octobre 1939, projet interrompu  par l’interdiction du PCF en septembre, suite à la signature du Pacte germano-soviétique. Il avait été rappelé en URSS en août 1939 et ne revint en France qu’en décembre 1942, à Alger. Entre-temps, il s’est occupé du classement des archives des Brigades internationales, du suivi des vétérans présents en URSS et de ceux en détention en Afrique du Nord. En 1946, il reprit son activité de président de l’AVER, désormais récipiendaire de la mémoire des Brigades internationales et des vétérans.

Le culte d’André Marty

Sa présence parmi les derniers volontaires qui quittèrent l’Espagne dans des conditions effroyables puis sa constante sollicitude auprès des vétérans internés ont largement participé à la consolidation de son aura auprès des volontaires. Celle-ci, davantage due à son charisme qu’à ses talents d’orateur, fut solidement étayée par un culte de la personnalité orchestré par le Komintern, essentiellement organisé à l’occasion de son retour en Espagne en novembre 1937.

Transfigurant en lui l’action des Brigades internationales en Espagne, dans une construction sémantique et allégorique dont les archives nous révèlent sa participation active, André Marty a été immédiatement identifié comme figure paternelle et figure du chef parmi les volontaires : « premier arrivé, dernier parti », le « plus grand internationaliste d’entre nous », le « héros de la mer Noire ». Son retour en Espagne, fin 1937, s’est accompagné d’un culte de la personnalité voulu par le Komintern, probablement pour faciliter sa reprise en main des Brigades internationales et un retour probablement difficile à accepter pour de nombreux cadres communistes en Espagne. Une brochure de bienvenue fut éditée, fin 1937, par le Commissariat des Brigades internationales dont les éléments de langage annoncent le culte de personnalité développé autour de sa personne à partir de cette date, associant dans un même élan la mer Noire et l’Espagne et célébrant « l’Organisateur des Brigades internationales ». Il fut assuré ensuite par les associations de vétérans jusqu’à sa chute en 1952. Cette apothéose fut subitement suivie d’un ostracisme qui a largement permis à une contre mémoire de s’épancher librement sur son rôle en Espagne. Cette réputation sulfureuse, jusqu’alors diffuse, porte essentiellement sur sa responsabilité directe ou indirecte dans la discipline parfois brutale et arbitraire des Brigades internationales, véritable discipline militaire sous le vernis politique, qui fut incontestablement inattendue pour des milliers de volontaires profondément marqués par des sentiments antimilitaristes et bercés d’illusions avant leur départ sur les réalités de la guerre à laquelle ils souhaitaient participer.

Le « boucher d’Albacete » ?

Ce sinistre sobriquet demeure encore aujourd’hui associé au rôle d’André Marty. Grâce aux avancées historiographiques récentes, on sait désormais comment ce surnom, traditionnel dans le langage du fantassin, s’est retrouvé collé durablement à André Marty après avoir été attribué à des officiers tant étrangers qu’espagnols durant la bataille de Madrid. Soulignons immédiatement qu’André Marty n’intervint jamais directement dans les opérations militaires. En Belgique puis en France, André Marty fut la cible d’une violente polémique orchestrée par l’extrême droite, appuyée sur un ensemble de témoignages de volontaires revenus déçus, voire, pour certains, traumatisés. Enfin, son personnage de psychopathe sanguinaire tient pour beaucoup à la créature littéraire inventée par Hemingway dans Pour qui sonne le glas ? dont André Marty servit de modèle, Massart.

 

Ceux qui ont côtoyé André Marty en Espagne, qu’ils aient ou non quitté le PC, comme sa seconde épouse, Raymonde Leduc, qui pourtant ne l’a pas ménagé, réfutent toute politique d’exécutions systématiques de sa part. Il n’en reste pas moins que sa sinistre réputation naquit en Espagne même. Elle est due avant tout au caractère du personnage, violent et injurieux. La menace du peloton d’exécution semble récurrente dans ses invectives et sa situation de chef suprême a contribué à lui faire endosser une responsabilité qui fut le plus souvent celle du commandement de l’armée républicaine espagnole, sans que les conseillers soviétiques n’interviennent, sauf au contraire pour s’en plaindre.

 

L’étude des condamnations à mort et des exécutions sommaires dans les Brigades internationales est compliquée par le manque de sources précises tout autant que par le tropisme historiographique qui consiste à isoler les cas d’élimination politique, qui restent à démontrer, au détriment de l’acte en lui-même, pratique incontestablement employée dans les Brigades internationales comme dans l’armée républicaine, sans que cela fut toutefois en commune mesure avec les méthodes disciplinaires en vigueur dans l’armée franquiste. La plupart des auteurs s’accordent sur une cinquantaine d’exécutions dans les brigades ; seulement la moitié des cas sont documentés et, par conséquent, attestés.

Une « affaire » parmi toutes, largement popularisée durant la guerre d’Espagne, a cristallisé l’attention de la plupart des auteurs. Pourtant, l’ « affaire Delesalle » tient davantage de la mise en scène du procès du malheureux officier que de son exécution proprement dite. Deux exécutions sommaires avaient eu lieu peu de temps avant, sur demande ou autorisation d’André Marty et sans créer d’émotion particulière. On relève un changement notable, en 1937, du fait de l’introduction progressive du dispositif de justice militaire républicain. Les deux incidents graves documentés de 1937, l’exécution sommaire de cinq disciplinaires mutinés (quatre Belges et un Hollandais) lors de la bataille de La Granja en mai 1937 et au moins un détenu abattu au camp de discipline des Brigades internationales, eurent lieu tandis qu’André Marty était hors d’Espagne. Dans les deux cas les responsables furent sanctionnés.

 

La grande majorité des exécutions dont nous ayons la trace se déroulèrent durant une période très réduite, entre mars et avril 1938, lors de la débâcle des Brigades internationales en Aragon. Les motifs invoqués pour l’application de la peine capitale furent la désertion, le refus d’obéissance et l’incapacité à reprendre en main son unité débandée ; la quinzaine d’exécutions documentées concernent en effet des officiers. Signalons que des exécutions pour l’exemple eurent lieu dans l’ensemble des divisions républicaines, le gouvernement républicain exigea en juillet 1938 l’arrêt de ses méthodes expéditives. La vague de condamnations à mort du printemps 1938 provoqua un malaise durable et une réprobation mal dissimulée ; l’exécution d’un officier allemand de la XIème brigade suscita ainsi une vive dispute entre le KPD et André Marty, qui en rejeta la responsabilité. La justice républicaine lança quant à elle un mandat d’arrêt contre deux cadres français des Brigades internationales impliqués dans des affaires de mauvais traitements. Ils furent sanctionnés à la demande d’André Marty.

 

Un sujet en cours d’investigation

L’exploration et l’inventaire des archives des Brigades internationales conservées au RGASPI de Moscou et leur mise en dialogue avec le récolement des divers fonds concernant André Marty permettent de progresser vers une meilleure compréhension des faits et l’analyse de la relation symbiotique entre André Marty et les Brigades internationales, soit entre le personnage et la créature, entre l’homme et l’organisation sociale.

 

 

Bibliographie complémentaire

SKOUTELSKY (Rémi), « André Marty et les Brigades internationales » in Cahiers de l'Institut Maurice Thorez - Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique n°67, 1997, pp. 103-124.