André Marty
André Marty et les Brigades internationales
André Marty
Roger Codou rencontre Marty à Albacete, alors qu'il veut rejoindre sa brigade plutôt que rester à la base, comme on le lui avait ordonné :
"Enfin, un matin, je fus convoqué au commissariat. Ce fut Lampe, le commissaire de la base qui me reçut. Dans un angle de son bureau, Marty était assis, plongé dans la lecture de l'Humanité ; il ne daigna pas lever la tête à mon arrivée.....
C'est alors que Marty, sans lever les yeux de son canard, intervint, avec toute la douceur dont il était capable :
- Qu'il refoute le camp dans sa brigade, je n'ai pas besoin de lui...."
Et quand, après quelques déboires, Roger revient à Albacete :
"Marcel [Sagnier] fut surpris de me voir si tôt de retour. Je lui expliquai mes mésaventures qui le firent bien rigoler :
- Tu n'as pas besoin de tomber dans les pattes du vieux. Il ne te loupera pas..
A peine avait-il terminé sa phrase que le planton annonça :
- Le camarade Marty.
Marcel ouvrit précipitamment une porte qui donnait sur un autre bureau :
- Fous le camp par ici.
Je n'en eus pas le temps. Marty se pointait dans l'encadrement de la porte. Il observait la scène d'un air goguenard. Il alla vers Marcel, lui serra la main, puis, s'approchant de moi en me tapant sur l'épaule :
- Alors voilà le gars qui ne veut pas quitter ses camarades. Tu as raison, mon vieux. Là-bas ce sont tous des tordus. La place des vrais volontaires est ici.
J'étais abasourdi. Après m'avoir brutalement vidé, voici qu'il approuvait mon attitude. Plus tard, je comprendrais mieux : cela faisait partie de son bagage d'incohérences."
Extraits de : Roger Codou, Le Cabochard : mémoires d'un communiste (1925-1982), Paris, La Découverte, 1983, p.100-101