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Après l'Espagne....

André Marty et les Brigades internationales

Le devenir, en France, des anciens combattants de la liberté

Texte de Geneviève Dreyfus-Armand

 

Lorsqu’ils quittent l’Espagne, les « Internationaux » sont les symboles d’une guerre que les républicains espagnols sont en train de perdre et qui n’est plus au centre des préoccupations des Français et des Européens en général. Leurs devenirs sont divers et multiples.

Les anciens brigadistes continueront en France occupée la lutte contre le nazisme commencée en Espagne, aux côtés des républicains espagnols exilés. Comme ces derniers, beaucoup d’anciens volontaires, restés dans les camps français, s’enrôleront dans la Légion étrangère pour cinq ans ou dans les Régiments de marche de volontaires étrangers (RMVE) pour la durée de la guerre. Afin de continuer, dans les seules formations militaires françaises qui leur sont ouvertes, la lutte contre les fascismes. Des Polonais et des Tchèques pourront toutefois s’engager dans des corps réguliers, composés de soldats de leur nationalité et intégrés dans l’armée française.

Comme les républicains espagnols, les anciens volontaires étrangers en Espagne participeront nombreux à la Résistance en France contre l’occupant. Ils constitueront les noyaux des premiers groupes armés de la résistance communiste, particulièrement dans la guérilla urbaine entreprise en zone occupée en 1941. D’anciens responsables des Brigades internationales seront des chefs importants de la Résistance, comme Henri Rol-Tanguy, Artur et Lise London, Pierre Rebière ou Pierre Georges, futur colonel Fabien, engagé en Espagne à 17 ans. Parmi les vingt-trois combattants des FTP-MOI du groupe de Missak Manouchian fusillés, en février 1944, au Mont-Valérien – dont certains sont stigmatisés sur la fameuse Affiche rouge – cinq sont des anciens d’Espagne.

 

Les itinéraires de vie d’autres volontaires d’Espagne

 Les volontaires américains survivants sont accueillis avec suspicion par les autorités de leur pays, considérés comme des Premature anti-fascists, des antifascistes prématurés. Ils seront particulièrement harcelés et réprimés pendant la période du maccarthysme triomphant, où ils sont tous considérés, indistinctement, comme communistes. La Suisse et le Luxembourg ont condamné leurs ressortissants partis en Espagne, ce dernier État ayant accordé une amnistie en 2000. Le gouvernement helvétique a condamné les volontaires survivants à des peines de prison et à la privation de leurs droits civiques pour plusieurs années.   

Dans les démocraties populaires constituées après la guerre mondiale dans la zone d’influence soviétique, les « Espagnols » – terme désignant les anciens volontaires en Espagne – ont été souvent persécutés dans le cadre des procès staliniens de la période de la guerre froide. En Hongrie, en Tchécoslovaquie, se tiennent des répétitions des sinistres « procès de Moscou » des années 1930 où l’on voit d’anciens combattants antifascistes valeureux, ayant lutté en Espagne et parfois aussi en France dans la Résistance, procéder à l'aveu de leurs « crimes » et « forfaits » obtenu sous la torture. C’est le cas de Lazlo Rajk, secrétaire adjoint du Parti communiste hongrois, exécuté en 1949, ou d’Artur London, devenu vice-ministre des Affaires étrangères à Prague, accusé de trahison lors des « procès de Prague » de 1952.

 

 

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