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Combattants en Espagne, "Morts pour la France"

André Marty et les Brigades internationales

Combattants en Espagne "Morts pour la France"

Texte de Paul Boulland

 

Le dictionnaire Maitron comporte aujourd’hui près de 6 000 notices biographiques d’anciens volontaires en Espagne républicaine. Travail de longue haleine, commencé dès l’époque de Jean Maitron, à partir des archives d’André Marty et de l’AVER, poursuivi avec l’ouverture des archives du RGASPI à Moscou, notamment grâce au travail de Rémi Skoutelsky, mais qui est encore loin d’être exhaustif. Parallèlement, le chantier, plus récent, du Dictionnaire des Fusillés, exécutés et massacrés de la Seconde Guerre mondiale, initié par Jean-Pierre Besse, comporte aujourd’hui près de 10 000 biographies. Le travail est aujourd’hui achevé pour ce qui concerne plus spécifiquement les exécutions après condamnation à mort en France et les otages de la période 1941-1943. Le recensement des résistants fusillés sommairement ou morts au cours de combats est toujours en cours. Malgré ces limites - et donc les potentielles lacunes – , le croisement entre le corpus des volontaires en Espagne et celui des fusillés offre un double éclairage, à la fois sur la continuité de l’engagement des premiers et sur les modalités de la répression durant la Seconde Guerre mondiale. En gardant à l’esprit que les fusillés ne recouvrent qu’une partie de la répression. Ainsi, le Maitron recense un peu plus de 200 déportés parmi les 6 000 notices d’anciens d’Espagne.

 

En l’état actuel des recherches, on peut relever 106 anciens volontaires en Espagne républicaine parmi les notices du Dictionnaire des fusillés, exécutés et massacrés. Parmi eux, il convient de souligner d’emblée la forte proportion de militants d’origine étrangère, puisque 40 sont nés hors de France. Les plus nombreux sont les Polonais (17 cas), ainsi que les fusillés originaires d’Europe centrale et balkanique : cinq sont nés dans différentes régions de l’ancien Empire austro-hongrois (Autriche, Hongrie, Slovaquie, Croatie), auxquels s’ajoutent également les Roumains (4 cas), pour certains originaires de régions rattachées à l’époque aux empires austro-hongrois ou russe ; la Russie est également représentée par Marcel Boczar, originaire de Luck (Loutsk), actuellement située en Ukraine et rattachée avant la Première guerre mondiale à l’empire tsariste puis à la Pologne en 1918. Viennent ensuite les Espagnols (8 cas) et les Italiens (4 cas). Signalons également, le cas d’Hans Mosch , communiste allemand, interné au retour d’Espagne puis affecté par Vichy à un « Groupement de travailleurs étrangers » (GTE) à Crest (Drôme). Evadé, il intégra un groupe d’Allemands anti-nazis en Lozère, où il fut abattu par les SS en mai 1944. Dans leur écrasante majorité, ces combattants d’origine étrangère avaient gagné l’Espagne depuis la France où ils étaient établis. Constat qui vaut aussi pour les anciens volontaires d’origine espagnole, qui tous avaient immigré en France avant la guerre civile, à l’exception d’Angel Mombiolla Allue , militant de la Fédération Ibérique des Jeunesses Libertaires (FIJL) et ancien volontaire de la colonne Durrutti qui participa à la Résistance dans la région toulousaine.

Dans quelles circonstances ces militants trouvèrent-ils la mort ? Parmi les 106 anciens volontaires en Espagne, on compte 44 fusillés après condamnation à mort et 20 dans le cadre de la « politique des otages » (Voir l’article consacré aux otages sur le site Maitron Fusillés deux corpus qui ont fait l’objet d’un traitement exhaustif). S’ajoutent pour le moment 35 résistants exécutés sommairement mais les recherches en cours conduiront probablement à élargir ce dernier bilan. Cette répartition des modalités de répression se reflète au niveau de la chronologie et de la géographie des exécutions. Les anciens combattants d’Espagne sont pris dans les principales phases de la répression, et notamment dans ses moments d’intensifications : entre l’automne 1941 et le printemps 1942, période marquée par un essor des condamnations à mort et par les premières grandes vagues d’exécutions d’otages après les premiers attentats individuels et la multiplication des actions armées ; au cours de l’été 1943 ; et surtout, à partir du début de l’année 1944, avec l’intensification de la lutte contre les maquis puis avec les combats pour la Libération, à partir de juin, sur l’ensemble du territoire. C’est notamment dans cette dernière période que se concentre la majorité des exécutions sommaires, avec 22 anciens d’Espagne tués entre mai et août 1944 (bilan provisoire).

L’importance de la part des condamnés à mort et des otages dans les données actuelles se reflète dans la géographie des lieux d’exécution. Trois lieux concentrent en effet plus de 40% des 106 anciens d’Espagne fusillés :

-          le Mont-Valérien à Suresnes tout d’abord [Voir en ligne l’article consacré au Mont-Valérien, où 30 anciens d’Espagne figurent parmi les 1033 fusillés (condamnés à mort et otages) [Voir l’ensemble des biographies des fusillés du Mont-Valérien ]

-          le stand de tir du Ministère de l’Air, place Balard, dans le XVe arrondissement, où 10 anciens d’Espagne figurent parmi les 156 victimes ( Voir l’ensemble des biographies des fusillés du stand de tir du Ministère de l’Air).

-          le Camp de Souge, en Gironde [Voir l’article consacré au Camp de Souge ], où l’on compte 5 anciens combattants des brigades parmi les 256 fusillés [ Voir la liste des fusillés de Souge ]

Les deux premiers lieux signalent plus largement une importante polarisation sur la région parisienne, tandis que les exécutions sommaires, majoritairement associées au contexte de l’essor de la lutte armée et des combats de la Libération, sont logiquement disséminées sur l’ensemble du territoire et notamment dans les zones des maquis.

 

 

Carte des lieux d’exécution des anciens d’Espagne Carte disponible en ligne (zoomable et info-bulles avec noms des lieux et nombre de fusillés) : https://paul-boulland.carto.com/viz/658c4fd4-a4ee-11e6-a25d-0e3ebc282e83/embed_map

Cette approche géographique permet de repérer quelques cas particuliers. Dominique Vincenti, ouvrier électricien, militant communiste, partagea son activité entre Marseille, Toulon et la Corse d’où il était originaire. Gravement blessé à Guadalajara en février 1937, il fut ensuite permanent du comité international d’aide au peuple espagnol en 1938. Ayant regagné la Corse pour échapper à la police de Vichy, il y devint l’un des responsables du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France. Il fut abattu par les Italiens lors du débarquement d’armes du sous-marin Casabianca. Les lieux d’exécution permettent également de relever les cas de militants transférés, jugés et exécutés en Allemagne, tels qu’Adolfo Marcos, militant d’origine espagnole et résistant de La Plaine-Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis), ou Hubert Sensiquet, militant de Meurthe-et-Moselle. L’exemple de Paul Meunier, cantonnier et syndicaliste CGT à Dijon avant la guerre, est associé à des circonstances particulières. Actif dans les réseaux de parachutage, Meunier fut arrêté avec un groupe de cheminots le 31 août 1943. L’annonce de leur condamnation à mort par le tribunal militaire allemand déclencha, le 22 décembre 1943, une grève des cheminots qui s’étendit sur toute la ligne Paris-Lyon-Marseille. Les autorités allemandes déportèrent Paul Meunier et ses camarades, qui furent à nouveau condamnés et guillotinés à la prison de Stuttgart, loin des regards et des réactions. Mais, parmi les exécutés en Allemagne, le cas le plus notable est sans doute celui de Szyffra (Sabine) Lipsyc . Du point de vue de la répression allemande, elle tombait dans une catégorie particulière, puisque la justice militaire ne prévoyait pas la peine capitale pour les femmes. Dans un premier temps, nombre de condamnations à mort avaient ainsi été commuées. Après le décret « Nacht und Nebel (NN) » (Nuit et brouillard) de décembre 1941, les femmes furent déportées en Allemagne et condamnées par la justice du Reich, qui pour sa part prévoyait la peine capitale. La plupart furent guillotinées. Par ailleurs, dans les derniers mois de la guerre, de nombreuses femmes figurèrent parmi les victimes civiles. Sabine Lipsyc fut déportée et exécutée en Allemagne dans le cadre du décret NN. Mais son parcours mérite aussi d’être signalé pour évoquer l’engagement des femmes en faveur de l’Espagne républicaine et parce qu’il est dans le même temps symptomatique de la défiance du pouvoir stalinien à l’égard des anciens d’Espagne à partir de 1939. Originaire de Pologne, ancienne étudiante en médecine à Caen (Calvados), Szyffra Lipszyc était entrée au service du Komintern et à ce titre, effectua des missions secrètes en Espagne. Repliée en URSS en décembre 1940, elle fut arrêtée et détenue pendant trois mois à la Loubianka. Mais les Soviétiques souhaitaient avoir leurs propres agents de résistance en France, pour y mener une politique de « terre brûlée ». Elle fut donc réintégrée dans les services et chargée d’assurer la liaison avec le réseau de Robert Beck, agent soviétique. Passée par la Grande-Bretagne, elle entra en France avec l’aide du SOE (Special Operative Executive), en liaison avec le NKVD. Arrivée en France le 11 janvier 1942, elle fit du renseignement et participa à des incendies de récoltes, un des rares cas d’implication directe d’un réseau clandestin du Komintern dans l’action armée sur le sol français.

 

Notons par ailleurs que quelques autres cas particuliers échappent aux catégories évoquées ci-dessus. Jancu Zilberman, d’origine roumaine, et Hersch Zimmerman , d’origine polonaise, membres des FTP-MOI, ne sont pas à proprement parler des victimes de la répression. Tous deux trouvèrent la mort en préparant des explosifs pour la Résistance mais figurent toutefois dans le dictionnaire en tant que résistants « morts en action ».

Georges Texereau

 

Autre cas particulier et tout aussi tragique, celui de Georges Texereau . Ouvrier mécanicien à Niort (Deux-Sèvres), ancien combattant de la Première Guerre mondiale et militant communiste, il servit dans les Brigades internationales avec le grade de lieutenant. Durant l’Occupation, il devint responsable d’un groupe FTP dans le Marais poitevin. A partir de l’été 1943, de vives tensions émergèrent au sein de l’organisation clandestine et, après une série de dénonciations, un climat de suspicion généralisé s’installa parmi les résistants de la région. Soupçonné à tort, Georges Texereau fut exécuté par un groupe de FTP, en février 1944, sans que l’on sache encore aujourd’hui s’il s’agissait d’un ordre venu de la direction des FTP ou d’une initiative locale.

 

Spartaco Guisco

On peut sur ce point effecter un rapprochement avec le cas de Spartaco Guisco , ancien lieutenant de la XIVe Brigade, responsable de l’Organisation spéciale (OS) et membre des premiers groupes qui effectuèrent des attentats individuels, notamment à Nantes. Arrêté le 9 février 1942 et exécuté par les Allemands au Mont-Valérien, il fut pourtant dénoncé à tort par la presse clandestine communiste comme un traître, avant une timide réhabilitation posthume à la Libération. Enfin, d’autres cas échappent au cadre strictement français, à l’image de Dino Piccoli . Militant d’origine italienne, établi en France au début des années 1930, il servit en Espagne comme caporal dans la Brigade Garibaldi. Interné au camp du Vernet en octobre 1939, expulsé vers l’Italie en septembre 1941 et emprisonné par le régime fasciste, il parvint à s’échapper et à rejoindre la résistance italienne mais fut abattu par les fascistes dans la région de Spilimbergo (Frioul).

 

Bien que les données soient encore partielles, on peut avancer quelques hypothèses – provisoires – sur la répartition au sein du corpus des fusillés, autrement dit sur la place des anciens d’Espagne dans les modalités de la répression, et par ce biais dans la Résistance. De manière générale, la présence des anciens d’Espagne parmi les victimes de la Seconde guerre mondiale reflète bien entendu la continuité de leur engagement contre le fascisme dans la France occupée. Au-delà des fusillés, certaines figures résistantes de premier plan, comme Henri Rol-Tanguy ou Pierre Georges , le colonel Fabien, sont d’anciens combattants des Brigades internationales. Rémi Skoutelsky soulignait cet investissement, y compris au sein des premiers réseaux, à l’image de Pierre Hirtz, en contact avec le réseau du Musée de l’Homme dès juin 1940. Les anciens volontaires participent aussi à la constitution des réseaux issus ou proches du courant socialiste – André Pasdeloup au sein de Libération-Nord, Jean Vincent dans le réseau Brutus – voire dans les réseaux gaullistes, comme François Mazou, au sein du BCRA. On pourrait de même évoquer le rôle central des anciens d’Espagne dans le Nord de la France, parmi les mineurs et notamment lors de la grève de mai-juin 1941, autour d’Auguste Lecœur , Nestor Calonne et Julien Hapiot , ce dernier figurant parmi les fusillés.                                                             

 Pour les militants communistes, largement majoritaires au sein du corpus étudié, la continuité de l’engagement antifasciste put être en partie brouillée par la période du Pacte germano-soviétique, entre septembre 1939 et le déclenchement de l’offensive allemande contre l’URSS en juin 1941. Le cas de Sabine Lipsyc , évoqué plus haut, en offre l’illustration la plus dramatique. Certains, comme René Dervaux, ancien major au sein de la Centrale sanitaire international (CSI) et médecin du 9e bataillon de la XIVe Brigade, prirent d’ailleurs leurs distances avec le communisme à partir de cette période. Toutefois, nous ne sommes pas toujours en mesure d’évaluer comment tous les anciens d’Espagne réagirent durant la période la plus hésitante de la stratégie communiste, jusqu’au début de l’année 1941. De fait, un certain nombre d’entre eux, mobilisés, furent isolés du Parti communiste. Pour nombre de volontaires d’origine étrangère, la période coïncide aussi avec celle leur internement, au retour d’Espagne. Andrei Sas Dragos, brigadiste d’origine hongroise, est par exemple interné aux camps de Gurs (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques) puis d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), avant de s’évader en février 1941.

 

Celestino Alfonso

D’autres, sortis plus tôt des camps, furent également tenus à l’écart de l’activité militante par leur réquisition dans les Compagnies de travailleurs étrangers (CTE). C’est par exemple le cas de Celestino Alfonso, Santiago Marruedo-Fraile ou d’Hans Mosch, déjà cité.

Le parcours de Stanislaw Lisiecki  offre ici un éclairage sur le sort extrêmement précaire des étrangers à la fin des années 1930 et durant l’Occupation. Mineur d’origine polonaise, travaillant en France depuis 1923, Lisiecki combattit dans les Brigades internationales entre novembre 1936 et juillet 1938. Après son retour, deux refus de séjour lui furent signifiés, en décembre 1938 et mai 1939, et il fut interné à Gurs. Du fait de ses origines, en mai 1940, il fut incorporé dans l’armée polonaise au camp de Coëtquidan, en Ille-et-Vilaine ; démobilisé le 5 juillet 1940, il bénéficia alors d’un titre de séjour. Mais, comme ancien brigadiste, il était fiché par les Renseignements généraux. Arrêté le 24 décembre 1941, interné avec plusieurs anciens d’Espagne, il fut exécuté le 25 avril 1942, avec six autres otages dont Moszek Rotzach, lui aussi volontaire en Espagne.

A l’image du parcours de Lisiecki, on observe que les anciens volontaires en Espagne républicaine sont particulièrement exposés à la répression car ils font l’objet d’une surveillance attentive par la police de Vichy. Outre les origines étrangères d’un certain nombre d’entre eux, ils sont repérés pour leur engagement dans les Brigades internationales et le plus souvent fichés comme communistes. Or, la répression menée à la fois par le gouvernement de Vichy et par les autorités allemandes est largement surdéterminée par des facteurs politiques. Le phénomène est particulièrement marqué dans le cadre de la politique des otages, qui cible en priorité les communistes (82% des 823 otages sont ou ont été militants communistes) et des détenus désignés comme Juifs par le régime nazi (Voir l’article consacré aux otages sur le site Maitron Fusillés ). De fait, on relève parmi les otages des anciens brigadistes déjà bien connus avant-guerre, notamment à travers leurs mandats électifs, et exécutés en tant que tels, à l’image de Jean Grandel , ancien maire de Gennevilliers et conseiller général, qui avait contribué à la réorganisation du service postal des Brigades internationales. Tout comme Grandel, arrêté dès le 26 juillet 1940, un certain nombre d’anciens d’Espagne furent d’ailleurs arrêtés et internés dès le début du conflit, sans avoir effectivement participé à l’action résistante. C’est le cas Roger Allo, militant girondin interné dès novembre 1940 et fusillé comme otage le 24 octobre 1941.

                                                                   

 

 

 

 

 

 

 

 

Roger Allo

 

 

Les anciens d’Espagne disposaient d’une expérience militaire récente qui s’avéra logiquement indispensable dès lors que s’organisa et se concrétisa la lutte armée. Ainsi, au sein de l’Organisation spéciale (OS) mise en place par Charles Tillon à partir du printemps 1941, deux des cinq membres du comité militaire sont d’anciens brigadistes : Pierre Rebière  et Jules Dumont , ancien colonel des Brigades internationales. Le phénomène se décline à l’échelle locale.

 

 

 Alfred Ottino et Léon Landsoght , deux anciens de la XIVe brigade, qui militaient ensemble avant-guerre, participèrent ainsi à la constitution de l’Organisation spéciale en banlieue ouest puis à diverses actions. Mais on relève une petite différence dans leurs parcours : si le premier fut actif au sein des organisations communistes clandestines dès 1940, le second ne reprit ses activités qu’en juillet 1941. L’importance des anciens brigadistes apparaît également, au sein des FTPF, notamment parmi les responsables de région parisienne entourant Rol-Tanguy, dont un certain nombre furent arrêtés et fusillés : Robert Hamel , Gaston Carré,  Marie Besseyre .

La participation à la lutte armée constituait bien entendu un critère supplémentaire d’exposition à la répression, les autorités allemandes condamnant à mort les militants reconnus coupables d’avoir participé à des actions armées, comme Marcel Toulouzan , docker au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime). Malgré les apparences d’un dispositif légal, le simple fait d’être arrêté en possession d’éléments laissant soupçonner la préparation d’attentats pouvait conduire une condamnation à mort. Etienne Champion, militant passé l’Ecole léniniste internationale à Moscou et dirigeant national des JC, ancien lieutenant de DCA en Espagne, fut ainsi arrêté en possession de nombreux plans et cartes qui signalaient ses activités de sabotage.

La confluence entre d’un côté l’engagement antifasciste en Espagne puis dans la Résistance et de l’autre les logiques de la répression nazie trouve sans doute son illustration la plus marquante, y compris pour la mémoire de la Résistance, dans la célèbre « Affiche rouge ». Parmi les 23 condamnés à mort du groupe des FTP-MOI dirigé par Missak Manouchian, figurent en effet cinq anciens combattants des Brigades internationales : Jonas Geduldig , Stanislas Kubaki , Celestino Alfonso, Szlama (Salomon) Grzywacz et Joseph Boczor – les portraits des trois derniers étant effectivement représentés sur l’affiche. Alors que la propagande nazie s’efforçait de les dénoncer comme une « armée du crime » et insistait, selon ses catégories, pour les définir comme étrangers, « juifs » et « rouges », ils s’imposèrent et restent dans la mémoire collective comme des martyrs de la Résistance. Un combat contre le fascisme entamé en Espagne et poursuivi en France.

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