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Portraits de brigadistes

André Marty et les Brigades internationales

Notices dans le Maitron

Liste des notices du maitron concernant les volontaires (à l'exclusion des Français)

Portraits de brigadistes

Par Françoise Blum

 

Notices du Maitron

Il existe des instruments de travail qui permettent d'avoir des renseignements biographiques sur de nombreux brigadistes. Le Maitron est l'un de ceux-là qui, outre les notices de brigadistes français, propose 742 notices de brigadistes étrangers : Albanie (2), Algérie [alors française mais qu'il est intéressant de distinguer] (14),Allemagne (13), Argentine (1), Arménie(3),  Autriche (4), Belgique (8), Brésil (1), Bulgarie (15), Grèce (3), Hongrie (14), Italie (98), Luxembourg (1), Paraguay (1), Pologne (74), Portugal (1), Roumanie (12), Russie (27), Suède (1), Suisse (6), Syrie (1), Tchécoslovaquie (22), Turquie (1), Ukraine (5), Yougoslavie (377) etc, .....

 Ces chiffres, indiquant une présence dans le Maitron,  ne reflète aucunement la proportion réelle de brigadistes par pays.
 Toutes les notices ne sont pas également riches. Certaines (telles celles de la plupart des Yougoslaves)  ne mentionnent que lieu et date de naissance et date d'arrivée en Espagne.

 

L'Abraham Lincoln Brigade Association (ALBA) a mis en ligne une base qui contient  2 800 notices des américains engagés comme volontaires en Espagne.

 

Le site de l'ACER (Amis des combattants en Espagne républicaine), qui a succédé à l'AVER,  offre aussi des biographies.

 

Nous donnons ci-dessous un petit échantillon, assez aléatoire, des notices du Maitron et de l'ALBA. Notons que la plupart des notices du Maitron sont dues à Daniel Grason. Nous avons inséré un nombre plus important de notices de Français car il s'agit de l'entourage proche de Marty.

 

Albanie

Xhelal Bajram

Né le 17 mai 1896 à Grikohor ou Gumeniza (Albanie) ; employé ; volontaire en Espagne républicaine ; interné.

Xhelal Bajram fils de Abas et de Gemani, née Fatina arriva en France en 1925 munit d’un passeport. Il le remit à l’ambassade d’Albanie à Paris (Seine), en 1929 en échange d’un certificat de nationalité. Célibataire, il partit combattre en Espagne, fut incorporé dans la XIVe Brigade internationale.
Il s’engagea le 6 avril 1940 pour la durée de la guerre dans la Légion Étrangère, affecté à l’intendance militaire de Paris Reuilly. Il fut réformé définitivement par la commission de Lyon (Rhône) dix jours plus tard. Il était titulaire d’une carte d’identité renouvelable délivrée le 8 juillet 1941, valable une année, travaillait comme plongeur dans différents restaurants de Paris. Il demeurait dans une rue du marché aux puces de Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis), au 22, rue Paul-Bert, acquittait régulièrement le loyer.
Lors du retrait des Brigades internationales en 1938 et 1939, la préfecture de police de Paris recensa deux mille sept cent quinze miliciens étrangers qui transitèrent par le département de la Seine. Beaucoup d’entre eux se firent rapatrier par leurs consulats. Karl Boemelburg, chef de l’ensemble des forces de police allemande en France demanda à la direction des renseignements généraux d’établir une liste, Xhelal Bajram y figurait. Les autorités allemandes ordonnèrent une opération d’ensemble le 24 décembre 1941. Arrêté, les policiers lui demandèrent s’il était juif, il répondit qu’il était de religion musulmane, il fut interné le jour même à la caserne des Tourelles, XXe arr.
Le 7 avril 1939, les troupes de Mussolini occupaient l’Albanie, une assemblée albanaise fantoche offrit le 12 son pays au roi Victor Emmanuel III, officialisant l’annexion. Le consulat général d’Italie écrivit au préfet de police le 20 mai et le 18 juin 1942 : « Je vous prie de bien vouloir me faire connaître, le plus tôt possible les motifs qui ont déterminé l’arrestation du ressortissant Bajram Xhelal […] actuellement interné à la caserne des Tourelles ».
Deux rapports furent rédigés par les renseignements généraux, le 9 juin et 11 juillet 1942, il apparut que Xhelal Bajram n’était pas militant « au sein d’un groupement politique quelconque. Son engagement dans les rangs des troupes gouvernementales espagnoles aurait été provoqué semble-t-il par le dénuement dans lequel il se trouvait à l’époque ». « Les renseignements recueillis sur son compte ne sont pas défavorables » Les policiers émettaient cependant des réserves, il « peut avoir conservé des attaches dans certains milieux de la Capitale », ses « services pourraient être employés à des fins contraires aux intérêts de l’État ».

Algérie

Belaidi Mohand, Amokrane (dit Jean)

Né le 2 septembre 1908 à Soumman (Constantine, Algérie), tué pendant la guerre d’Espagne le 26 décembre 1936 à Valdelinares (Teruel), ; volontaire en Espagne républicaine ; socialiste "pivertiste".

Naturalisé ne octobre 1929, Jean Belaidi était alors caporal au 1er groupe d’aviation d’Afrique demeurant à Husseny-Dey (Alger). Mécanicien breveté d’aviation, il militait depuis quelques années comme adhérent de la 7e section de Paris de la Fédération socialiste SFIO de la Seine, quand éclata la rébellion du général Franco contre le gouvernement républicain espagnol, en 1936. Il se joignit au premier détachement de volontaires formé par la 15e section de Paris, celle qu’animait Marceau Pivert, pour aller combattre le fascisme naissant au-delà des Pyrénées.
Incorporé dans « l’escadrille Malraux », mitrailleur de queue, il trouva la mort en 1936 dans un combat avec des avions allemands Heinkel. Naviguant comme mécanicien, il remplaça à bord, deux fois de suite, les mitrailleurs blessés, et fut tué à son poste. Le reste de l’équipage était composé de Taillefer et de Georges Croissiaux.
Deux de ses camarades furent blessés le même jour :
Cambédias Maurice et Maréchal Raymond.
Dans l’œuvre d’André Malraux L’espoir, le personnage de Saidi n’est autre que Jean Belaïdi. Dans le film Sierra de Teruel les dernières minutes sont consacrées à Jean Belaidi.
Les restes de Jean Belaidi ont été retrouvés dans un cimetière près de Valencia (Espagne). Enterré dans une niche avec un autre camarade, il avait été caché aux autorités pendant plusieurs décennies.

Allemagne

 Kneler Léo

Né en 1901 ; militant communiste allemand ; Brigadiste ; résistant FTP-MOI à Paris.

Militant communiste à Berlin, Léo Kneler, pourchassé par la police, dut quitter son pays en 1929. Il travailla d’abord comme charpentier à Anvers puis passa à Paris et Zurich avant de rentrer dans son pays en décembre 1932 profitant d’une mesure d’amnistie.
Arrêté en mars 1933 puis en novembre 1934, il vint s’installer à Paris. Engagé volontaire dans les Brigades internationales pour venir en aide à l’Espagne républicaine, il appartint à la 11e Brigade.
A son retour en France, il fut interné à Saint-Cyprien, Gurs puis au Vernet d’où il s’évada en mars 1941 sur ordre du PCA pour s’engager cçmme travailleur étranger volontaire en Allemagne. Il arriva dans la Ruhr mais découvert dut regagner clandestinement Paris. Par l’intermédiaire des Karayan, qui venaient de suivre le même chemin que lui, il entra en contact avec les Francs-tireurs arméniens sous la fausse identité de Léon Basmadjian.
Entré au premier détachement FTP-MOI en mars 1943, sous le matricule 10 318, il appartint à l’Equipe spéciale constituée en juin 1943 au sein de l’organisation. Marcel Rayman, Spartaco Fontano et Raymond Kojitski venaient compléter l’effectif. Il participa à l’attentat contre la voiture du commandant du Grand Paris le 28 juillet 1943 puis le 28 septembre contre Ritter. Il échappa aux arrestations opérées par les BS au sein du groupe Manouchain en novembre 1943.
Après la guerre, il regagna l’Allemagne de l’Est.
 
 
Arménie
 
Agassian Selov

Né le 28 novembre 1910 à Sabanaja (Turquie) ; chauffeur mécanicien, marchand forain ; antifasciste ; volontaire en Espagne républicaine.

Fils de Agassi et Fonliane, née Hachtdurien, Selov Agassian vint en France avec sa famille en 1929, tous étaient arméniens de religion catholique. En 1932 il vivait 14 Rue Ortolan, Paris Ve arr., il adhéra à l’Union générale arménienne de scoutisme et de culture physique, proposa la création d’une section mixte de scoutisme pour adultes en vue d’organiser des sorties camping. Le président Maloumian s’y opposa ainsi que la majorité des membres du conseil d’administration estimant la proposition inconvenante du point de vue de la morale. Le président estima qu’Agassian et ses amis allaient se livrer à une propagande extrémiste parmi les jeunes recrues. Les dissidents créèrent une association concurrente, qui ne rencontra qu’un faible écho. La Nouvelle union sportive et de scoutisme Arménienne de Paris, fit néanmoins l’objet d’un rapport de la police, elle fut taxée de « tendances nettement bolchevisantes » avec pour objectif de « faire une propagande exclusivement communiste ».
En 1936 il demeurait 186 Route d’Orléans à Bagneux (Seine, Hauts-de-Seine), exerçait la profession de chauffeur mécanicien, avait sa mère à charge. Il partit le 28 novembre 1936 en Espagne combattre dans les Brigades internationales de l’armée républicaine espagnole, il fut rapatrié à une date inconnue.
Selov Agassian était titulaire d’une carte d’identité renouvelable. Il épousa Suzanne Salles, sténodactylographe, vingt ans, le 8 juillet 1939 en mairie de Montrouge (Seine, Hauts-de-Seine), le couple vint habiter la ville 39 Av. Gambetta. En septembre il fut mobilisé au 351e Régiment d’Artillerie dans une unité d’automobiles de ravitaillement. Blessé par des éclats d’obus, il fut pensionné à 15% et bénéficia d’une carte de priorité, le 5 août 1940 il était démobilisé.
Il fit une demande pour obtenir la nationalité française début 1940. La Section spéciale de recherches dépendant des Renseignements généraux fit une enquête, les inspecteurs remarquèrent qu’entre 1938 et 1939, il travailla irrégulièrement, période qui comprenait les mois où il combattit en Espagne. En décembre 1940 sa femme Suzanne donna naissance à un garçon prénommé Alain.
La guerre accula la famille à une situation très difficile, il obtint en 1941 un certificat d’indigence, renouvelé en 1942. Ce certificat tenait lieu de patente ce qui lui donnait droit à exercer la profession de marchand forain en bonneterie. Son épouse inscrite au registre du commerce de la Seine, titulaire d’une carte d’acheteur en textile exerça une activité similaire en province, notamment à Chartres (Eure-et-Loir).
 
 
Autriche
 
Lechtmann Szymon ou Sima dit Sioma
 

Né le 2 août 1916 à Dunageved (Autriche), mort en août 1942 à Auschwitz (Pologne) ; charpentier ; communiste ; volontaire en Espagne républicaine.

Sioma Lechtmann suivit des études supérieures, était titulaire du baccalauréat, parlait hébreu, yiddish, russe et français. Il adhéra au Parti communiste en 1931 à Vienne (Autriche). Il vécut en Palestine en 1933 et 1934, alors sous mandat Britannique, fut arrêté, incarcéré et jugé à Tel-Aviv pour ses activités politiques.
Il vint en France, habita 102 rue du Dôme à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine). Il partit en Espagne par bateau, arriva le 1er décembre 1937. Incorporé à la XIe Brigade internationale, 44e bataillon, nommé caporal. Il participa aux batailles d’Aragon et de l’Ebre, son rapatriement eut lieu le 21 novembre 1938, il figura sur la liste des combattants venus de divers pays établie par David Diamant.
Pendant la guerre, il fut arrêté, interné au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) réservé aux Juifs. Le 12 août 1942, il était dans le convoi n° 18 à destination d’Auschwitz. Mille sept déportés étaient dans ce transport, lors de la libération du camp par l’armée soviétique le 27 avril 1945, ils étaient dix survivants.

 

 

 

Belgique
 
Lemaire Fernand, Edouard

Né vers 1908, Fernand Lemaire effectua son service militaire comme soldat dans l’infanterie, il fut fourrier. Marié, père d’un enfant de deux ans, il exerçait la profession de liseur de dessin. Il était originaire de Mouscron (Belgique) habita 25 Rue Courbe.
Il vivait à Tourcoing (Nord), partit en Espagne 11 septembre 1937, fut incorporé le 17 dans la XIVe Brigade internationale. Il fut tué en mars 1938 dans le secteur d’Aragon. Son nom figurait sur la liste des deux mille combattants morts en Espagne, publié dans l’ouvrage Épopée d’Espagne.

Bosnie

Colie Halid

Né le 7 août 1907 à Sarajevo (Bosnie), mort le 4 mai 1975 en France ; combattant en Espagne républicaine ; militant communiste exclu pour « titisme » ; proche d’André Marty.

Halid Colie vint en France comme réfugié politique en 1930. Il travailla dans les mines de fer de La Ferrière-aux-Etangs (Orne) et adhéra aussitôt au Parti communiste. Naturalisé français le 27 juin 1935, il partit combattre en Espagne républicaine du 13 novembre 1936 à juin 1938 et appartint à l’État-major du bataillon « Commune de Paris » des Brigades internationales. À son retour, le Parti communiste français le nomma responsable des cadres de la Main-d’œuvre immigrée.
L’armée française le mobilisa en 1939 et l’envoya en Tunisie d’où il revint avec son unité, le 344 RLC, pour la défense de Paris. H. Colie entra en contact avec le Parti communiste clandestin dès juillet 1940 et, selon son témoignage, travailla « avec Jean Baillet, Arthur Dallidet, Catelas, Tréant, Janin et enfin avec Raph jusqu’à la Libération » (lettre du 2 janvier 1953). Le secrétariat du Parti communiste lui demanda d’entrer à l’Ambassade de Yougoslavie où il travailla jusqu’à la Résolution de Varsovie de 1948. Colie affirma avoir depuis plusieurs années « critiqué le régime de Tito » ; il fut cependant exclu de la section du XIXe arr. pour « titisme », vers 1950. Il protesta contre cette mesure, le 28 novembre 1951, en présence de Léon Mauvais*, Marcel Servin* et Gaston Auguet*. Les menaces d’exclusion contre André Marty* en décembre 1952 le révoltèrent. Avec huit ouvriers il l’aida à faire son déménagement alors que son domicile était entouré par des « journalistes inquiétants ». Étienne Fajon* nota la présence de cet « aventurier titiste » dans son article intitulé « Les liaisons policières de Marty » publié dans L’Humanité du 1er janvier 1953. H. Colie envoya le lendemain une lettre de protestation (inédite) où il déclarait : « Je continue à travailler de mon mieux pour le parti et la classe ouvrière. Si j’étais titiste j’aurais actuellement une autre situation [...] j’ai connu André Marty en Espagne, là-bas je le défendais contre les fascistes ici je suis allé le défendre contre les provocations des soi-disant journalistes de tout acabit ou espions ».
La police enquêta et conclut : « Colie est en relation avec divers services officiels (yougoslaves) ; il a été exclu du PCF et milite actuellement avec les responsables du groupe Démocratie prolétarienne, anciens du PIC ou du MCFI, tel Roger Gran. Il est vraisemblable que les rencontres Marty-Colie tendent au approchement entre l’ex-mutin et les groupuscules de la gauche non-staliniennne se réclamant du marxisme-léninisme. » (Arch. PPo. M9, « Affaire Marty-Tillon », rapport du 26 janvier 1953.)
 
Brésil
 

Antifasciste ; volontaire en Espagne républicaine.

Né le 9 avril 1904 dans l’état du Rio Grande dol Sul (Brésil), Arno Roesch partit de France pour combattre dans les Brigades internationales de l’armée républicaine espagnole. En mars 1942, il fut recherché en vain dans le département de la Seine par les policiers des Renseignements généraux.
 
Bulgarie
 
Moutavchieff Vladimir dit Vlado

Né le 28 août 1904 à Sofia (Bulgarie) ; cordonnier, mouleur-mécanicien ; communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; interné.

Fils de Pavel et de Milcheda Pavelina, Vladimir Moutavchieff vint régulièrement en France le 20 mars 1926, il obtint une carte de séjour à titre temporaire qu’il renouvela par la suite, exerçait la profession de cordonnier. Il demeura rue d’Alsace-Lorraine à Saint-Mandé (Seine, Val-de-Marne), puis 60 Rue de Turbigo à Paris.
Il partit en Espagne républicaine en décembre 1936, rentra par Port-Bou le 8 février 1939, lors de l’exode de la population civile de Catalogne, il présenta un laisser-passer que lui avait délivré les autorités républicaines.
Il était pourvu de papiers d’identité au titre d’apatride. En septembre 1939, convoqué à la préfecture de police à la suite du décret-loi concernant les étrangers apatrides résidant en France en temps de guerre, il passa une visite médicale devant le conseil de révision siégeant à la mairie du XIIIe arr. Reconnu apte, il fut requis et affecté comme mouleur aux Aciéries de Paris et d’Outreau à Saint-Denis, entreprise qui travaillait pour la défense nationale. Il exerça dans cette firme jusqu’à la fin décembre 1940, avec une coupure en juin en raison de l’exode.
Il se rendit au consulat de Bulgarie à Paris pour régulariser sa situation vis-à-vis de son pays d’origine, il fut reconnu comme ressortissant bulgare. Il demeurait 140 Rue pasteur à Bagnolet (Seine, Seine-Saint-Denis), exerça sa profession à domicile pour le compte d’une maison installée rue Chaptal à Paris, ensuite un compatriote établi aux Lilas. Il vivait aussi des réparations qu’il effectuait pour le voisinage.
Il figurait sur la liste établie le 19 septembre 1941 par la 3e section des Renseignements généraux. Karl Boemelburg, chef de l’ensemble des forces de police allemande en France, décida d’une vaste opération contre les anciens des Brigades internationales.
Le 1er décembre 1942, Vladimir Moutavchieff était arrêté à son domicile, sa carte d’identité délivrée par la préfecture de police le 6 mars 1940 était périmée depuis le 11 mars 1941. Les policiers lui demandèrent des précisions sur son séjour en Espagne. Il répondit qu’il ne combattait pas, mais qu’il travaillait en qualité de mouleur mécanicien dans une usine de Barcelone qui fabriquait du matériel de guerre. Il déclara avoir appartenu ni à un parti politique ni à une organisation syndicale, malgré ses sympathies pour les organisations de gauche.
Il fut interné le jour même administrativement au camp des Tourelles en tant qu’ex-milicien des Brigades internationales. Huit mois plus tard, il était transféré dans un autre camp, il se serait évadé. Le 20 mars 1944, il était embauché comme cordonnier par l’organisation Todt 9 Rue Saint-James à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine), aurait participé à la résistance.
Après la Libération, il reprit son métier de cordonnier pour une maison installée 11 Passage de Surmelin dans le XXe arr., vivait avec une amie au 8 Rue des Cascades dans le même arrondissement. Il adhéra à la cellule communiste bulgare de Paris, et au Comité d’aide de de défense des immigrés (CADI).
Le 21 janvier 1950, il demanda à reprendre sa nationalité bulgare et à abandonner sa qualité de « réfugie d’origine bulgare ». Il présenta une lettre de recommandation signée de Gaston Laroche, colonel FTPF, en réalité Boris Matline. Polygotte, celui-ci dirigea différents groupes de résistants étrangers en France, il devint après-guerre secrétaire de l’Union générale des engagés volontaires et résistants étrangers (UGEVRE). Vladimir Moutavchieff était considéré en 1951 comme « suspect au point de vue national » par les Renseignements généraux.
 
 

Cuba

Moreno-Cortez Pedro

Né le 24 mai 1907 à Santiago-de-Cuba (Cuba) ; antifasciste ; volontaire en Espagne républicaine.

Fils de José et de Rosa Cortez, Pedro Moreno-Cortez combattit dans les Brigades internationales de l’armée républicaine espagnole, devint commandant. En février 1939 rapatrié en France, il fut interné au camp d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) jusqu’en mars 1940. À cette date, il était incorporé dans la 251e Compagnie de Travailleurs Etrangers (CTE), démobilisé le 23 juin 1940.
À la fin 1940, il fit l’objet de recherches du service des étrangers de la préfecture de police. Les policiers établirent qu’il résida au siège de l’Armée du salut 12 Rue Cantagrel à Paris XIIIe du 29 au 30 août 1940. Il fut condamné par défaut le 6 juillet 1942 par la XIIIe Chambre du tribunal correctionnel de la Seine à un mois de prison et 1200 francs d’amende pour trafic de faux tickets. La préfecture de police prit une mesure d’interdiction de séjour et mit en mai 1943 le nom de Pedro Moreno-Cortez sur une liste des étrangers refoulés ou recherchés.

Etats-Unis

 Law Oliver

 Oliver Law was the first African American to lead an integrated military force in the history of the United States. Law was born in west Texas on October 23, 1900. While still in his teens he joined the U. S. Army and from 1919 to 1925 served as a private in the 24th Infantry, a black outfit stationed on the Mexican border. After leaving the military, Law moved first to Bluffton, Indiana, where he worked in a cement plant and shortly thereafter to Chicago where he drove a cab for the Yellow Cab Company. With the onset of the Depression Law drifted among the ranks of the unemployed. Eventually, he landed a job as a stevedore and joined the International Longshoreman's Association. Following this, Law opened a small restaurant and when this venture failed, he went to work for the Works Project Administration. While out of work, Law joined the International Labor Defense and in 1932 the Communist Party. His political activities led to frequent run-ins with the Chicago Police Red Squad during one of which he was seriously beaten. Shortly before departing for Spain, Law was arrested while leading a rally to protest Italy's invasion of Ethiopia. During this period Law married Corrine Lightfoot, sister of a prominent African American in the Communist party, Claude Lightfoot. Law was among the earliest U.S. volunteers. He received his passport on January 7, 1937 and left for France, aboard the Paris, on January 16,1937. In Spain, Law's leadership qualities and previous military experience were highly valued. He first served as Section Leader of a machine-gun company. When the Lincoln battalion was re-organized after the disastrous assaults on February 27, 1937 at Jarama, Law was promoted to Commander of the company. Law continued to advance in rank during the long period of trench warfare on the Jarama front. He was selected as Adjutant to the Battalion Commander. After an abortive attempt was made to form a regimental system within the brigade and the Lincoln commander, Martin Hourihan, was transferred to the regimental staff, Oliver Law was chosen to replace him and given the rank of captain. Law led the Abraham Lincoln Battalion during the initial days of the Brunete offensive. On July 10, 1937, the fourth day of the campaign, he was mortally wounded while leading his command in an assault on Mosquito Ridge. Fifty years after his death, Law's historic achievement was recognized when Chicago Mayor Harold Washington declared November 21, 1987 "Oliver Law and Abraham Lincoln Brigade Day." ~ Chris Brooks

Portraits XIVe
France
 
Sagnier Marcel
 
Peintre en bâtiment, Marcel Sagnier, militant communiste, fut embauché comme employé municipal à Villeneuve-le-Roi après les élections municipales de 1935 qui virent la victoire de la liste socialiste-communiste. Ancien secrétaire du rayon communiste local, il fut volontaire en Espagne républicaine du 13 octobre 1936 au 12 novembre 1938. Dès son arrivée, il participa aux combats de la Cité universitaire à Madrid, puis aux batailles de Jarama et de Guadalajara. Il commanda le bataillon « Commune-de-Paris » de la 14e Brigade internationale dont il devint le commandant après la bataille de Cuesta de la Reina en remplacement de Jules Dumont . Il fut blessé à trois reprises. À son retour d’Espagne, il fut fêté à Paris, en novembre 1938, comme un des principaux responsables militaire des Brigades, sous la direction d’André Marty, avec Tanguy (Rol-Tanguy), Dumont et Vittori. Le bureau politique du PCF l’affecta au service d’ordre et à sa section d’organisation. 
Marcel Sagnier, fait prisonnier en 1940, passa plusieurs années dans un stalag près de Munich. Après la Seconde Guerre mondiale, il ne retrouva pas la place qui était la sienne en 1939. Rémi Skoutelsky pense qu’il paya le fait de ne pas avoir réussi à s’évader de son stalag. Il se présenta sur la liste d’Union républicaine et résistante présentée en 1947 aux élections municipales par le Parti communiste. Marcel Sagnier resta en contact avec André Marty après l’exclusion de ce dernier en 1953. Il fut vice-président de l’AVER jusqu’à sa mort. En 1971, son épouse était membre du comité national de l’AVER.

 

 
Portraits XIVe
Dumont Jules
 
Jules Dumont, fils d’un cordonnier ou, selon l’acte de naissance, d’un tisserand – né dans une famille bourgeoise, disent Crémieux et Estager (op. cit.) –, fit son service militaire au Maroc où il fut nommé sous-officier et participa aux opérations de pacification. Pendant la Première Guerre mondiale, il se battit pendant cinquante-deux mois sur tous les fronts : Flandres, Somme, Verdun puis Salonique, et finit la guerre comme capitaine, décoré de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur. Blessé à plusieurs reprises, gazé un mois avant l’armistice, il décida de rester dans l’armée. On lui confia le commandement de la place de Dunkerque puis un commandement de district au Maroc. Dumont quitta l’armée en 1920.
Il s’établit alors à Aïn Taoudjat dans une concession à défricher, fit des agrumes et de l’apiculture et s’y maria. La misérable condition des Marocains l’indigna et il prit leur défense, rédigeant pour eux des requêtes auprès de l’administration. Puis il se tourna vers les petits colons que la crise ruinait. Il les rassembla, fonda une coopérative d’achat de matériel agricole, se battit pour une indexation du prix des céréales, dénonça la pesante tutelle des banques. La lecture de l’Humanité, que lui procurait le chef de gare, fit de lui un communiste. En 1934, parce que ses enfants grandissaient, il demanda une charge de mandataire au marché de Meknès, ce qui lui fut accordé.
Qu’il ait cherché à prendre des contacts avec des indigènes pour développer une propagande anticolonialiste, ce n’est pas douteux. Ainsi accepta-t-il d’exposer ses vues dans deux réunions « clandestines », les 19 et 28 novembre 1934, mais les réunions en question avaient été organisées par deux indicateurs de police. Aussi son domicile fut-il perquisitionné, Jules Dumont arrêté, traduit devant le tribunal militaire de Meknès, condamné le 15 janvier 1935 pour propagande communiste et distribution de journaux interdits : L’Orient arabe et l’Humanité, et aussitôt expulsé. Les effets de cette affaire furent de deux ordres :
– Les amis de Dumont, dans un élan de solidarité, se manifestèrent. Louis Apcher recueillit les trois enfants, alerta les sympathisants de Casablanca dont Charles Dupuy et Xavier Gransart, et une section du Secours rouge fut créée en février.
– Pour clouer au pilori « les porteurs de sabre », deux tracts furent diffusés à un mois d’intervalle, le 1er février et le 1er mars. « Maroc rouge » annonçait la création d’un « Parti communiste marocain » et appelait « les peuples exploités » à la révolte. Ils firent scandale. La confection et la diffusion de ces tracts, envoyés par la poste, exigèrent des prises de contact, des liaisons qui révélèrent les premiers communistes du Maroc à eux-mêmes et à la police.
Quant à Dumont, pris en charge par le Secours rouge en France, il participait en mars 1935, à Paris, à des réunions du SRI et présenta à la conférence nationale des 16 et 17 mars 1935 un rapport sur la situation au Maroc. À l’automne de 1935, c’est l’Internationale communiste qui l’envoyait comme conseiller militaire auprès de l’état-major du Négus en Éthiopie attaquée par Mussolini.
Dès juillet 1936, Jules Dumont se porta volontaire pour organiser l’instruction des combattants des Brigades internationales (BI). Il constitua à Madrid la centurie « Paris » (92 hommes, dont 77 Français) qui semble avoir été le noyau des unités françaises des BI. À partir du 22 octobre 1936, il commanda, avec le grade de colonel, le bataillon « Commune de Paris » de la 1re BI. Il exerça cette fonction, secondé par Marc Sangnier, jusqu’au 3 janvier 1937 puis du 18 janvier au 15 février 1937. André Martylui confia ensuite le commandement de la XIVe BI (« La Marseillaise ») du 28 février 1937 au 23 février 1938. Il conduisit ses troupes au Jarama et à Cuesta de la Reina. Malade en décembre 1936, blessé le 4 janvier 1937, il bénéficia d’une permission en novembre-décembre 1937 et fut remplacé par Boris Guimpel. Dumont, qui habitait semble-t-il à Montreuil-sous-Bois, vint saluer la conférence régionale communiste Paris-Est en décembre. Il aurait quitté définitivement l’Espagne au milieu du mois de janvier 1938 mais son commandement prit fin un mois plus tard.
Lieutenant-colonel de réserve, Jules Dumont participa aux opérations militaires du début de la Seconde Guerre mondiale et fut démobilisé après l’armistice. Le fils de Bernadette Cattanéo se souvient cependant l’avoir vu venir en civil visiter cette militante et amie personnelle pour parler avec elle de sa rupture. Il se mit aussitôt au service du Parti communiste clandestin. Pressenti comme directeur-gérant de Ce Soir, « grand quotidien indépendant d’informations », il se rendit le 6 juillet 1940 à l’ambassade d’Allemagne accompagné de Me Foissin. Reçu par Otto Abetz, il lui remit la morasse du numéro 1, daté du lundi 8 juillet 1940 (conservé aux Arch. Nat. AJ 40883). L’éditorial annonçait qu’après dix mois d’interdiction, Ce Soir avait obtenu l’autorisation de reparaître : « Ce Soir, journal indépendant, qui mena de courageuses campagnes pour défendre le peuple de France, fut interdit, en même temps quel’Humanité, pour avoir approuvé le Pacte germano-soviétique et servi par cela même la cause de la paix. » En bas de page une manchette annonçait : « Amis de Ce Soir souscrivez !... Envoyez les fonds à Jules Dumont, 123 rue Montmartre, Paris. » Dans une note du 7 juillet, Abetz se prononçait pour l’autorisation de Ce Soir : « Les journalistes désignés par le mouvement communiste pour la direction de la rédaction se sont déclarés prêts à soumettre chaque projet d’article avant impression et à s’aligner au plus près pour le traitement des questions politiques les plus importantes sur le journal la France au travail que nous rédigeons nous-mêmes » (CDJC, LXXIX a I, document trouvé par Denis Peschanski et cité dans L’Histoire, no 60, octobre 1983). On ignore si le cas Ce Soir fut évoqué le 13 juillet lors de la rencontre entre Me Foissin, Catelas, Tréand et Otto Abetz. Ce dernier partit en Allemagne pour répondre à une convocation d’Hitler. De retour en France, il reçut Me Foissin, le 22 août pour lui annoncer qu’Hitler et Ribbentrop jugeaient impossible la reparution de Ce Soir, trop marqué par la guerre d’Espagne.
Jules Dumont aurait ensuite été chargé pendant l’automne 1939 et l’hiver 1939-1940 de préparer l’évasion des députés communistes de la prison du Puy (Haute-Loire), mais, en mars 1941, les députés furent transférés à Marseille. Selon l’Humanité du 20 juillet 1940, Jules Dumont avait été arrêté dans le XXe arrondissement. Un tract communiste, ramassé par la police le 25 juillet, évoquait l’arrestation de Jules Dumont, le 14 juillet à Charonne, pour distribution de tracts (Arch. Tasca, vol. 23). Il fut vraisemblablement relâché rapidement. Fin novembre ou début décembre, la police découvrit à Montreuil, dans un local loué par Jules Dumont, du matériel de propagande : deux ronéos, 15 000 tracts, des numéros de l’Humanité clandestine, de La Vie ouvrière et de La Voix du XXe(Rapport de police hebdomadaire, 3 décembre 1940, Arch. Tasca).
Jules Dumont fut à l’automne 1941 un des fondateurs de l’Organisation spéciale (OS) et un des commissaires politiques du premier comité militaire national des FTP. Il avait organisé le déraillement de train d’Épinay en juillet 1941. Il mit au point les opérations « brûlots » effectuées par des groupes mobiles loin de leur base. L’état-major FTP le désigna comme chef militaire de la région Nord-Pas-de-Calais-Aisne-Ardennes, au début de l’année 1942, sous le nom de « colonel Paul ». Il était secondé par Hapiot et Charles Debarge. Arrêté à la fin de l’année 1942, torturé, incarcéré à Fresnes, il a été fusillé le 15 juin 1943 au Mont-Valérien.
Jules Dumont s’était marié le 19 avril 1913 à Roubaix et était père de trois enfants. Un fils, arabisant, fit une carrière importante au Maroc, notamment à la radio. Il fut professeur agrégé d’arabe à Dakar.
Une plaque, 6-8 rue Louis-Ganne, à Paris (XXe arr.), honore sa mémoire.

 

 
Guimpel Boris
 
Boris Guimpel est le fils de deux révolutionnaires russes en exil à Paris depuis 1905, Grégoire Guimpel-Levitzky et Anastasie Esther Kirjner (Kerjner sur l’acte de naissance, couturière). Son père, relieur d’art renommé, lui assura une enfance et une adolescence aisée. Ses familiers l’appelaient « Bob ». Il fit des études à l’École alsacienne, où la personnalité de son professeur René Maublanc* le marqua profondément, joua au tennis, sortit beaucoup. Plus tard, il roulera en voiture de sport. Petit, un mètre soixante-huit, actif, « Bob » était mince, presque gracile. 
L’influence de sa famille, celle de René Maublanc*, le poussèrent à s’engager politiquement. En 1929, « Bob » entra à l’Union fédérale des étudiants, puis aux Étudiants communistes. Militant peu, il n’y était guère remarqué. En 1932, il entama des études d’architecture, sembla s’orienter vers un « retour à la normale » et il épousa, le 16 août 1934 à Paris (XVIIe arr.), une jeune fille de la bourgeoisie parisienne, Manon [Jacqueline, Josèphe, Georgette, Manon Desplaces], entrée à l’école militaire de Saint-Cyr à la fin de la même année. Diplômé d’architecture, lieutenant de réserve, « Bob » semblait parti pour une vie sans histoire. 
En 1936, pourtant, ce fut le choc ! Dès novembre, Guimpel sauta le pas et s’engagea dans les Brigades internationales. En Espagne républicaine, on manquait cruellement de cadres militaires. « Bob » fut nommé à la tête d’une compagnie de mitrailleuses. Le 28 décembre, il prit le commandement du 10e bataillon (14e Brigade). Blessé au maxillaire lors de l’offensive républicaine sur Ségovie, le 30 mai 1937, il devint chef d’état-major de la 14e Brigade puis, à compter de novembre 1937, de la 35e division (général Walter). 
Guimpel ne quitta l’Espagne qu’en juin 1938. Outre-Pyrénées, il avait tissé des liens d’amitié profonds avec le légendaire général Walter, ses compatriotes polonais Taddeuscz Oppmann, Josef Kutin (qui épousa Maia, la sœur de « Bob », volontaire dans les Brigades internationales tout comme Manon Guimpel) ou le Français Marcel Sagnier. 
De retour en France, Guimpel effectua une période dans l’armée française et devint capitaine de réserve. Il travailla à l’hebdomadaire Regards. En 1939, on l’envoya à Bourges où il commanda une compagnie du Génie. Lors de la débâcle de mai-juin 1940, il parvint à faire replier ses hommes en bon ordre. Après un séjour dans les Landes, à Saint-Girons, il regagna son appartement de la rue des Grands Augustins, à Paris. Dans la capitale, il renoua avec certains communistes clandestins comme Léon Mabille* ou David Kami (plus tard membre du réseau soviétique dit « Orchestre rouge »). 
Juin 1941 : Boris et Manon Guimpel allèrent s’installer à Roquevaire, près d’Aubagne. Architecte à Marseille puis mineur de fond à Gardanne, Guimpel se livra à des activités clandestines non définies (sans doute en compagnie de son ami Taddeuscz Oppmann, à Marseille depuis mars 1942). Mais, c’est à la fin 1942 que les choses se précisèrent : « Bob » rencontra André Jacquot, un ancien des Brigades internationales et ami personnel. Jacquot n’était rien moins que chef du « Comité militaire zone sud » des FTP (CMZ). C’est au plus haut niveau qu’il proposa d’introduire Guimpel dans l’organisation de résistance. 
À l’hiver 1942-1943, il fut nommé responsable pour la zone sud du service de renseignement des FTP, le « Service B ». Son bras droit n’était autre qu’Oppmann. Sa femme Manon et sa belle-s<l+>œur Sylvie Galanis se relayaient pour assurer ses liaisons avec la direction des FTP. Le correspondant parisien de Guimpel était « Bernard », c’est-à-dire l’ingénieur chimiste Georges Beyer, beau-frère de Charles Tillon* et responsable national du Service B.
Fin octobre 1943, le « CMZ » décida de mettre à profit l’expérience militaire de Guimpel. Outre ses attributions au sein du Service B, le voici, en octobre 1943, « Commissaire aux opérations » — en clair, responsable de la branche armée des FTP en zone sud. Dans l’organisation de résistance, on le connut successivement sous les noms de code de « Berthe », « Gaillard » et « Mailly ». 
Le 14 mai 1944, Guimpel n’échappa à Barbie et à la Gestapo de Lyon que grâce à sa « baraka »... et au courage de sa femme Manon qui, prisonnière de la Gestapo, sera internée au fort de Montluc puis transférée au fort de Romainville, sauvée enfin de justesse par l’insurrection de Paris. La majeure partie de l’infrastructure FTP en zone sud était tombée, trahie dans des conditions obscures par un ancien responsable communiste allemand, Lucien Iltis, dit « Boulanger ». 
Blessé au bras, Guimpel parvint à s’enfuir. Sa s<l+>œur Maia Kutin et son agent de liaison Henriette Gastaud le soignèrent. Il quitta Lyon et la direction communiste le mit « au vert » — et sous surveillance — dans les Hautes-Alpes, à Embrun. Blanchi, il ne sortit de sa retraite qu’en août-septembre 1944 pour participer aux combats pour la libération d’Oullins et de Lyon. 
Officier dans la Première armée française du général de Lattre de Tassigny, Guimpel commanda les unités de reconnaissance du fameux « 151e Régiment d’infanterie » (ou « Colonne Fabien »). En avril 1945, après la traversée du Rhin, il fut grièvement blessé à la tête. On le rapatria dans le même avion que Marcel Dassault de retour de déportation. C’est le célèbre chirurgien Clovis Vincent qui l’opéra d’urgence et le sauva. 
Guéri, Guimpel fut muté au ministère de la Guerre. En 1947, il quitta l’armée, avec le grade de lieutenant-colonel. À Sarreguemines puis dans la région parisienne, il reprit son métier d’architecte. Il resta égal à lui-même, communiste convaincu mais non vraiment militant, attaché par-dessus tout à la fraternité d’armes des Brigades internationales (il sera membre de la direction nationale de l’Association des Volontaires en Espagne Républicaine), de la Résistance ou de la Première armée française. Ce personnage contradictoire sort du commun : il pouvait être à la fois l’ami d’un ministre des « Républiques populaires » de l’Est et d’un officier de carrière français, chacun d’entre eux appréciant sa fidélité et son esprit de combattant. Car Guimpel était avant tout un soldat. « Un guerrier, alors que nous n’étions que des civils », dira de lui plus tard son ancien adjoint dans la Résistance, Guy Serbat. 
Architecte de la ville de Vitry-sur-Seine, père de deux fils avec son épouse Manon Guimpel et de deux filles avec Henriette Gastaud, Boris Guimpel mourut en avril 1979. Il fut enterré au cimetière parisien du Père-Lachaise. Son éloge funèbre fut prononcé par Henri Rol-Tanguy*. Il était décoré de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre et de la Rosette de la Résistance. En 1978, il était membre de l’AVER et habitait Épinay-sur-Seine.
 
Putz Joseph
 
D’origine alsacienne, Joseph Putz fut mobilisé en décembre 1914 au 161e Régiment d’infanterie, fantassin dans les groupes d’assaut. En 1916, il devint aspirant, puis sous-lieutenant en octobre 1917. Gazé en mars 1918 dans le secteur de Vacqueville en Alsace, il fut muté au 506e Régiment de chars de combat. Il fut décoré de la Croix de Guerre avec quatre citations, nommé officier de la Légion d’honneur. Très touché par son intoxication, démobilisé, il partit en Algérie, exerça la profession de représentant de commerce, revint en France.
Il entra dans l’administration, fut secrétaire général de la mairie de Stains (Seine, Seine-Saint-Denis), il exerça en même temps des responsabilités au sein de la CGTU. Joseph Putz eut de sérieux désaccords avec Jean Chardavoine, maire de Stains, il démissionna de son poste de secrétaire général. Dans une note sur Joseph Putz, Jean Chardavoine le soupçonnait d’avoir des « attaches […] avec Doriot et la police […] je crois que Putz devait appartenir au 2ème Bureau, car n’oublions pas qu’il était Capitaine de Réserve et que cela lui permettait d’avoir quelques entrées ». Jean Chardavoine l’accusait de « vol [qui] pourrait se monter à environ 2000 francs ». Enfin, il lui reprochait « sa vie privée ». (Note de six pages datée du 17 juin 1938 sans le nom du ou des destinataires).
En 1936, Joseph Putz convoya en Espagne les volontaires français recrutés par le comité Amsterdam-Pleyel, ils formèrent le 13e bataillon « Henri Barbusse » de la XIVe Brigade internationale. En décembre 1936, après la déroute du bataillon « La Marseillaise » dans les combats de Lopera qui firent plus de trois cents morts parmi les brigadistes et plus du double de blessés, le commandant Gaston Delassale était arrêté pour « trahison ». Joseph Putz présida un simulacre de procès militaire qui condamna à mort le commandant Gaston Delassale, pour « désorganisation et abandon volontaire de poste ». Victime expiatoire de la défaite, Delassale était exécuté sur le champ. Putz fut envoyé pour une courte période dans les Asturies en juin 1937. Nommé lieutenant-colonel en janvier 1937, il commanda la XIVe Brigade « La Marseillaise » jusqu’en avril 1937. Il commanda la brigade lors des combats de février 1937 au Jarama. Chef d’état-major de la 35e Division commandé par le général Walter (Karol Swierczewski), il dirigea les combats de Teruel du 15 décembre 1937 au 22 février 1938, fut blessé deux fois par balles. Il rentra six mois avant la fin de la guerre d’Espagne.
Le 5 avril 1938 Joseph Putz écrivit d’Espagne à Jean Chardavoine, sa lettre passa par le service de la censure « (N° censure 223) ». Optimiste il lui écrivait notamment : « Je pense que tu es revenu des multiples erreurs que tu as faites. Notamment celle qui me touche le plus et que tu avais inséré dans la Voix du Peuple, à savoir que j’étais affilié au parti du grand renégat [Jacques Doriot], ce qui est faux. J’ai seulement été pressentit pour entrer à la Mairie de Saint-Denis, quand j’ai démissionné de chez toi, un an après cette histoire de salade.
J’étais déjà décidé à partir en Espagne bien avant ma démission, mais toujours pour ma classe – celle du peuple – quoique tu aies pu dire, et non chez les fascistes comme tu l’as prétendu.
Tout cela est loin. J’ai été admis au Parti communiste au front, après mes blessures par Heussler. J’ai aussi fait le nécessaire pour être du PC espagnol ».
Joseph Putz demandait à Jean Chardavoine de « faire part de [son] salut aux camarades de Stains, chômeurs, camarades du Conseil, tous les antifascistes. […] J’ai vu des camarades de Stains ici un frère à Hérôme je crois, et d’autres.
Salut aux copains de la mairie, à Guillemain, pour l’ARAC, à l’Union des femmes, SRI, au syndicat. Enfin partout où j’étais inscrit avant que tu sois maire.
Mon salut à Tillon ».
Joseph Putz signa : « Camarade Coronel, Brigades Internationales, Barcelone ».
Il retourna en Algérie, travailla comme secrétaire général de la mairie de Béni Saf. À la déclaration de guerre en septembre 1939, mobilisé sur place au 7e Régiment de tirailleurs algériens à Tlemcen comme capitaine de réserve, il était muté à Meknès en février 1940. Il était démobilisé en juillet 1940 sans avoir combattu. Il resta en Afrique du nord, travailla dans les chemins de fer de la ligne Méditerranée Niger où il commandait un groupement de travailleurs formé en majorité d’Espagnols et d’anciens légionnaires. Rattrapé par son passé en Espagne, les autorités de Vichy lui demandèrent de démissionner. Prudemment il partit dans le sud marocain pour éviter l’arrestation.
Après le débarquement allié en décembre 1942, il leva des hommes, ils formèrent le 3e bataillon du Corps franc composé en majorité de Républicains espagnols, d’ex-internés gaullistes et d’anciens légionnaires. En mars 1943, ils combattirent en Tunisie, participèrent du 23 avril au 8 mai 1943 à l’offensive sur Bizerte, Putz fut promu chef de bataillon. Il se rallia aux forces gaullistes, commandant du 3e bataillon du Régiment de marche du Tchad au sein de la 2e DB du général Lelerc avec des troupes des Forces françaises libres (FFL) et de l’armée d’Afrique.
Transporté en Angleterre, ces troupes y restèrent quelques mois, il débarqua en août 1944 en Normandie, participa le 11 et 12 août aux combats de la forêt d’Ecouves (Orne). Lors de la Libération de Paris, trois cents à trois cent cinquante républicains de toutes obédiences, anarchistes y compris étaient dans la 2e DB. Il fut de la campagne des Vosges, repoussa une contre-attaque à la tête de ses hommes. En novembre 1944 il était nommé lieutenant-colonel, prit part à la Libération de Strasbourg et à la campagne d’Alsace. Il fut tué le 28 janvier 1945 avec quatre officiers par l’éclatement d’un obus avant l’offensive sur Grussenheim, son inhumation eut lieu dans le cimetière communal. Décoré de la Croix de Guerre avec quatre citations, le général de Gaulle le fit Compagnon de la Libération (décret du 24 mars 1945). 
Portraits XIVe
Brugère Alfred
 
Né en 1907, ouvrier du Bâtiment dans la région parisienne, militant du Parti communiste français, Alfred Brugère était membre du comité de section du XIVe arr. Capitaine de la compagnie de Ametralladoras dans le bataillon Commune de Paris, adjoint du 29 octobre au 13 novembre 1936 puis chef du 13 novembre au 16 février 1937, il fut tué au Jarama le 23 février 1937 (il est dit ailleurs : le 16 février) au cours de la défense de Madrid (cf. R. Francotte, Une Vie..., op. cit., p. 154 et Delperrie de Bayac, p. 238 et 421).

 

 
Portraits XIVe
Hamon René
 
René Hamon naquit à la maternité de Port-Royal alors que ses parents demeuraient à Villejuif. Fils d’un menuisier et d’une ménagère, il fut adopté par la Nation en vertu d’un jugement rendu le 22 juin 1921.
Habitant depuis toujours Villejuif, jeune militant actif, il participa au renforcement du Parti communiste dans la commune qui avait été conquise en 1925 par le Bloc ouvrier et paysan et s’était donnée, à partir de 1929, Paul Vaillant-Couturier pour maire. Ainsi, dès 1927, il constitua un groupe de Jeunesses communistes et s’occupa de la troupe théâtrale « L’Églantine » qui adhéra à la Fédération du théâtre ouvrier de France en 1931. À son retour du service militaire, le maire fit de lui son secrétaire personnel et lui confia de nombreuses responsabilités. Il dirigea le patronage laïc, la caisse des Écoles, les colonies de vacances, les Jeunesses communistes et le sous-rayon communiste. En novembre 1932, il devint le secrétaire de rédaction de Front Rouge (hebdomadaire populaire d’informations locales édité par le PCF) où il signait « Titi ». De 1935 à 1937, il assura le secrétariat du rayon puis de la section communiste.
À la mort de Paul Vaillant-Couturier, survenue en 1937, René Hamon semblait destiné à jouer un rôle important dans la municipalité. Il fut élu conseiller municipal à l’occasion des élections complémentaires du 7 novembre 1937 mais la direction du PCF le désigna immédiatement pour encadrer les volontaires français en Espagne. Il partit à la fin du mois de janvier 1938. Commissaire de la 14e brigade mixte « La Marseillaise » et, en juillet suivant, chef du 4e bataillon Henri Barbusse, il trouva la mort dans une contre-attaque sur le front de l’Èbre.
Dans les archives de brigades figure une lettre du 20 septembre 1938, d’André Marty, sur René Hamon, envoyé en Espagne parce que le nouveau député, Raymond Guyot a pris un autre secrétaire ; Marty en fait l’observation à Emile Decaux, ancien secrétaire de la Région Paris Sud, le 1er septembre 1938. « À mon avis, cette façon d’expédier Hamon en Espagne fut la cause de son attitude passive au sein du bataillon de renfort de la 14e Brigade qui provoqua le scandale de Tremblecque, le 9 février 1938 ». (880/18. BDIC, communiqué par Daniel Grason).
Son corps fut exposé à la mairie de Villejuif le 8 octobre 1938.
Sa femme, Paulette Lafféré, vendeuse, qu’il avait épousée dans la commune le 16 mai 1936, reprit le flambeau politique et fut élue conseillère municipale communiste le 29 avril 1945. Réélue en 1947, 1953 et 1959, elle accepta les fonctions d’adjointe.
Une rue de Villejuif porte aujourd’hui le nom de René Hamon. 

Rol-Tanguy Henri

Né le 12 juin 1908 à Morlaix (Finistère), mort le 8 septembre 2002 à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) ; secrétaire du syndicat de la Métallurgie de la Région parisienne (CGT) chargé de la jeunesse ; commissaire politique dans les Brigades internationales ; chef d’état-major des FFI de la Région parisienne ; colonel de l’armée française ; membre du comité central du Parti communiste français.

Cécile et Henri Rol-Tanguy
Issu d’une famille bretonne, Henri Tanguy passa son enfance dans les ports de guerre (Toulon, Brest, Cherbourg...) au gré des affectations de son père, officier marinier. Sa mère, blanchisseuse, était la fille d’un menuisier anticlérical, compagnon du Tour de France. La famille vivait à Brest quand, à l’âge de treize ans, le jeune Henri quitta l’école. Son père, dont onze frères avaient péri en mer, rompit la tradition familiale en refusant qu’il devienne à son tour marin. Il aurait pu poursuivre des études car une de ses tantes avait proposé de le prendre en charge, mais il refusa, désirant travailler dès que possible. 
Entré dans les PTT brestoises comme télégraphiste et n’ayant pas été titularisé, il fut embauché dans une entreprise de taxis, d’abord comme téléphoniste, puis comme apprenti mécanicien. Estimant que l’avenir d’Henri et de son jeune frère Joseph n’était pas assuré à Brest, leur mère s’installa avec eux à Paris, pendant l’hiver 1923-1924. Ayant été tourneuse d’obus pendant la Première Guerre mondiale à l’arsenal de Toulon, elle réussit à se faire embaucher chez Renault comme métallurgiste, tandis qu’Henri entrait chez Talbot. 
En 1925, Henri Tanguy devint tôlier en carrosserie chez Renault à l’usine O de Boulogne-Billancourt (Seine). Cette même année, il adhéra aux Jeunesses communistes et devint responsable de la cellule de l’usine.
Syndiqué à la CGTU, sa participation à la grève générale de l’entreprise de mai 1926 entraîna son licenciement. « Persona non grata » chez Renault, comme il put le constater à plusieurs reprises, il fut alors embauché dans différentes usines. 
Tenté par une carrière sportive, bon cycliste, il entra au Club sportif international et se classa premier des débutants dans la course Paris-Chauny. En 1926, dans l’équipe première du CSI, il participa aux « américaines » et aux poursuites par équipe, au Vélodrome d’Hiver, au Parc des Princes, à Buffalo, à la piste municipale de Vincennes. 
Cette activité fut interrompue par le service militaire que Henri Tanguy effectua, par mesure disciplinaire, en Algérie : ne s’étant pas inscrit sur les listes de recensement de sa mairie d’arrondissement, il avait été déclaré « bon absent » au conseil de révision de sa ville natale. Incorporé un mois, en 1929, au 46e régiment d’infanterie, à Paris, il se retrouva à Oran, au 8e Zouaves, pour quinze mois sans permission. Suivant, selon sa propre expression, les conseils de Lénine : « Un jour on te donnera un fusil, apprends à t’en servir », il devint combattant d’élite, gagnant des concours de la division. Il quitta l’armée soldat de 1re classe, avec une formation de mitrailleur mécanicien, de télémétreur et d’armurier.
Embauché en septembre 1930 à l’usine Bréguet, rue Didot (XIVe arr.), Henri Tanguy suivit des cours de perfectionnement et devint tôlier-formeur, chaudronnier en cuivre, tuyauteur, soudeur. Les événements de février 1934 le décidèrent à revenir au militantisme. Il créa chez Bréguet une cellule communiste et un syndicat CGTU, les dotant de deux feuilles ronéotypées : Le Bélier rouge pour la première, Le Projecteur unitaire pour la seconde (on fabriquait chez Bréguet, entre autre matériel militaire, des projecteurs). Il adhéra également au comité Amsterdam-Pleyel. 
Représentant le personnel au cours d’une action revendicative en 1935, Henri Tanguy fut licencié et ne trouva de place, désormais, que dans de petites entreprises. 
Membre du bureau des Jeunesses communistes de Paris-Ville en 1935, trésorier régional, il participait aux affrontements avec les Jeunesses patriotes, notamment dans le XIVe arrondissement où il vivait avec sa mère. L’organisation de goguettes au 111 de la rue du Château faisait également partie des activités du jeune militant. Il fut délégué au congrès du Parti communiste de juillet 1936, à Villeurbanne. 
Henri Tanguy travaillait depuis quelques jours dans l’entreprise de chaudronnerie Nessi, à Montrouge, lorsque le mouvement de grève de juin 1936 éclata. Élu délégué d’usine, il forma la section syndicale et élabora le cahier de revendications, ce qui provoqua son licenciement quelques mois après la fin du conflit. 
En octobre 1936, il devint membre de la Commission exécutive et permanent du syndicat des travailleurs de la Métallurgie, responsable des Jeunes, et de l’activité dans les entreprises, avec Jean-Pierre Timbaud*. 
Le syndicat menait depuis plusieurs mois une intense campagne de solidarité avec la République espagnole plongée dans la guerre civile depuis juillet. Devenu un des organisateurs de cette campagne, qui consistait en prises de paroles à la sortie des usines et en collectes, Henri Tanguy demanda, à plusieurs reprises, mais en vain, à partir combattre en Espagne. Cette situation le plaçait d’autant plus en porte-à-faux que la fédération des Métaux, et lui-même, recrutaient activement pour les Brigades internationales.
En février 1937, André Marty* demanda au Parti communiste de faire venir en Espagne de jeunes cadres pour renforcer les Brigades, compte tenu de la situation militaire et politique du pays mais aussi des pertes enregistrées au sein de la première vague de volontaires. Henri Tanguy accepta de faire partie de ce contingent, qui partit en plusieurs convois, le sien étant encadré jusqu’à Albacete par Léon Mauvais*. La frontière franco-espagnole fut d’ailleurs fermée juste après leur passage, le 20 février, en application de la loi interdisant le recrutement de volontaires pour l’Espagne, votée quelques semaines auparavant. 
En raison des compétences acquises pendant son service militaire, il fut nommé successivement commissaire politique de l’arsenal d’Albacete, du parc auto des Brigades internationales, enfin de l’usine n° 1 où l’on fabriquait les grenades et réparait les automobiles. Puis il fut désigné, avec grade de capitaine, responsable à la main-d’œuvre étrangère dans les usines qui se montaient en zone républicaine. Mais, en octobre 1937, il fut rappelé en France, pour accomplir une période de réserve. A son issue, il reprit ses fonctions syndicales, notamment les actions de solidarité avec la République espagnole. De retour à Albacete en février 1938, André Marty l’ayant réclamé, il fut nommé commissaire politique du Bataillon d’instruction des volontaires francophones, à Villanueva de la Jara. 
En avril 1938, pendant la marche à la mer des troupes franquistes, Henri Tanguy fut chargé de l’acheminement à Barcelone des volontaires internationaux présents à Albacete et dans sa région (environ 1 200), mission qu’il accomplit la veille de la coupure en deux de l’Espagne républicaine, le 15 avril. Il assura ensuite le commissariat politique de la nouvelle base des Brigade internationales mise en place à Olot, mais quelques semaines plus tard, cette dernière ayant été dissoute, A. Marty le désigna commissaire politique de la 14e Brigade, « La Marseillaise », commandée par Marcel Sagnier*. Blessé le 18 juin d’une balle dans la poitrine, au retour d’une visite de bataillon, il reprit son poste après quelques jours passés à l’hôpital, refusant d’attendre l’extraction du projectile. Il participa à la grande offensive de l’Ebre, à Tortosa et dans la Sierra Caballs, de juillet à septembre 1938, date de relève des Brigades. 
Revenu en France en novembre, à la dissolution des Brigades, Henri Tanguy reprit ses responsabilités au syndicat des Métaux et au Comité de la Région de Paris du Parti communiste. En avril 1939, l’ancien brigadiste épousa sa marraine d’Espagne, Cécile Le Bihan, fille du militant syndicaliste et communiste, résistant FTP mort en déportation, François Le Bihan*. Le couple eut quatre enfants. 
Mobilisé en août 1939, au 57e Régiment d’Infanterie coloniale, Henri Tanguy resta en position tout l’hiver devant la ligne Maginot, dans la région de Sarreguemines (Moselle). Muté au 28e RICM sénégalais, il prit part aux derniers combats de juin 1940. Démobilisé dans la Creuse, le 18 août 1940, après avoir été cité à l’ordre du régiment, il rejoignit le lendemain son épouse à Paris. Cette dernière devait se rendre le jour même à une réunion avec Jean-Pierre Timbaud, Gautier, Maurice Lacazette*, Henri Jourdain*, avec lesquels elle participait à l’organisation des premiers Comités populaires. Il s’agissait de structures clandestines, animées par les syndicalistes communistes, destinées à relancer l’action revendicative à partir des problèmes quotidiens posés par l’Occupation. Saisissant cette occasion H. Tanguy reprit donc contact avec eux et participa à leur action. Le 5 octobre, apprenant qu’une vague d’arrestations frappait les militants communistes, il entra dans la clandestinité, dont il ne devait sortir qu’en août 1944. Il participa à la création de l’Organisation spéciale (OS), le PCF lui confiant aussi la responsabilité du secteur Sud de Paris et de sa banlieue.
En août 1941, Henri Tanguy fut chargé avec Raymond Losserand* et Gaston Carré* de l’organisation, dans la région parisienne, de groupes armés qui donnèrent naissance en février 1942 aux FTP. Les trois hommes formaient le triangle de direction régionale, Henri Tanguy y exerçant la fonction de responsable militaire. Après l’arrestation en mai 1942 des deux autres dirigeants, il reforma une équipe avec Roger Linet et Raymond Colin. Repéré par la police, il fut muté dans la région Anjou-Poitou. 
Boris Holban, dans son ouvrage, relate l’épisode suivant qui pourrait avoir un lien avec cette mutation. Au sein de l’OS, Henri Tanguy avait sous ses ordres Joseph Boczor* , responsable de l’OS-MOI. Cette branche de l’organisation était composée pour l’essentiel d’anciens volontaires en Espagne républicaine, aguerris, habitués à la clandestinité, évadés des camps d’internement français. Parallèlement existait depuis l’été 1941 un groupe de jeunes de la MOI, moins expérimentés. Selon Boris Holban, lorsque fut décidée la création des FTP, H. Tanguy, soutenant en cela Joseph Boczor, refusa pour des raisons de sécurité et d’efficacité la fusion des deux branches de la résistance immigrée. Le PCF imposa en mai cette fusion qui donna naissance aux FTP-MOI. Boczor fut relevé et Henri Tanguy remplacé par un autre délégué du Comité militaire de la Région parisienne. 
En Anjou-Poitou Henri Tanguy commanda les FTP avec Michel Muzard, Camille Thébault* et Marcel Gamon*(?). Il fut en outre chargé de mission en Bretagne et dans la région bordelaise par le Comité national de l’organisation militaire. 
Une série d’arrestations, d’abord de Muzard et de Thébault, puis dans la région parisienne de Roger Linet, amenèrent la direction des FTP à rappeler Henri Tanguy à Paris, en mars 1943, pour réorganiser, avec Joseph Epstein* et Édouard Vallerand* , les Francs-tireurs de la région parisienne. Il rédigeait Le Franc-tireur parisien et publia durant l’été 1943 les communiqués et les appels à l’action de l’organisation. 
Muté d’août à septembre 1943 au Comité d’action contre la déportation (voir Yves Farge*), Henri Tanguy passa en octobre à l’état-major des FFI de la « région P » qui regroupait onze départements autour de Paris, où il représentait les FTP. Successivement responsable de l’action immédiate, du troisième bureau (« opérations »), puis sous-chef de l’état-major, enfin chef régional en mai 1944, il était à la veille du débarquement allié du 6 juin 1944, colonel chef de la région P1 (Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise), qu’il baptisa « Ile-de-France ». Il prit alors son dernier pseudonyme Rol, nom d’un militant d’Épinay-sur-Seine, combattant des Brigades internationales, tué pendant la bataille de l’Ebre peu de temps après avoir été nommé commandant du bataillon « Commune-de-Paris ».
Le 19 août 1944, en qualité de chef régional des FFI, Rol-Tanguy donna l’ordre de l’insurrection parisienne. Il reçut, avec le général Leclerc, la reddition du général Von Choltitz — commandant la garnison allemande du Grand-Paris — le 25 août. 
Avant le passage du Rhin, le 31 mars 1945, Rol-Tanguy rejoignit le 151e régiment d’infanterie issu de la Brigade de Paris formée par le colonel Fabien (voir Pierre Georges*), participa à la campagne Rhin-Danube en tant que lieutenant-colonel et fut cité pour son courage à l’ordre de la Division. Commandant militaire de Coblence, il quitta ce poste pour être affecté, en octobre 1945, à la mission de liaison et d’inspection du ministère des Armées, à Paris. Rol-Tanguy entra alors définitivement dans l’active. Cette décision, qui correspondait aux consignes données alors par le PCF aux anciens résistants restés dans l’armée, était aussi motivée, chez lui par un goût réel pour la chose militaire. Commandant du 27e RI à Villefranche-sur-Mer, puis de la 7e demi-brigade à Dijon, de février 1946 à février 1947, il fut affecté à cette date au cabinet du ministre de la Défense, François Billoux* jusqu’au renvoi de celui-ci en mai. Rol-Tanguy fut alors placé au Dépôt central des isolés, à Versailles (Seine-et-Oise), où « pointaient » les gradés qui ne bénéficiaient pas d’une affectation précise, généralement pour raisons politiques. Il y resta — sauf de 1948 à 1952, période pendant laquelle il fut affecté à l’état-major de la subdivision du Mans (Sarthe) — jusqu’en mai 1962, date de sa mise à la retraite.
Invité occasionnel du Comité central du PCF à partir de 1947 — en tant que militaire il ne pouvait y intervenir — Henri Rol-Tanguy en devint membre de 1964 à 1987. Il avait été candidat aux élections législatives de 1962 à Paris (XXe arr.). 
Élu en juillet 1946, lors du 23e congrès, président d’honneur de l’ARAC, il assura également la coprésidence de l’ANACR et la présidence de l’AVER
Figure emblématique de la Résistance communiste à partir des années soixante, Henri Rol-Tanguy, s’il soutint publiquement Georges Marchais* lors de la polémique relancée en mars 1980 par L’Expressconcernant son passé de travailleur volontaire en Allemagne, signa en octobre 1991 la pétition d’anciens résistants demandant qu’il ne présidât pas les cérémonies commémoratives des fusillades de Châteaubriant. 
Élevé à la dignité de compagnon de la Libération par le général de Gaulle, le 18 juin 1945, Henri Rol-Tanguy, reçut la croix de commandeur de la Légion d’honneur à l’occasion du 30e anniversaire de la Libération, le 5 octobre 1974. Il était déjà décoré de la médaille de la Résistance, de Combattant volontaire, de la Medal of freedom américaine, de l’Ordre de la grande guerre soviétique et de la Croix de guerre 1939-1945 avec palmes.
Sa femme Cécile, qui le seconda dans tous ses postes de responsabilité, était médaillée de la Résistance et chevalier de la Légion d’honneur.

Grèce

Né le 12 septembre 1914 à Ténédos (aujourd’hui en Turquie), mort le 5 octobre 1988 à Sète (Hérault) ; docker ; volontaire des Brigades internationales ; militant communiste ; résistant ; membre de l’ARAC .

Tout au long de sa vie on le retrouva partout où l’on se battait pour la liberté : en Grèce tout d’abord son pays natal, puis en Espagne en 1937 dans les rangs des Brigades Internationales. Arrivé en France il fut engagé volontaire, en 1940, à la Légion étrangère.
Suite à l’arrestation, en février 1941, de Roussigné, Chagnon, Santucci, Badier et Isoird, le PC fut privé d’une grande partie de sa direction à Sète. Pierre Lafitte fut alors proposé comme responsable politique pour réorganiser le Parti, Christophe Lambiris en sera membre de la direction avec, pour les syndicats, Georges Badier, François Di Fasio, Fernand Lucchesi* et pour la propagande avec Joseph Philippi, Elie Candelon et Victor Meyer*. Cette réorganisation fonctionna jusqu’en février 1942.
Il s’illustra dans le réseau « Tartane-Massena » de la France combattante en qualité d’agent de renseignements, sous le nom de « Rodolphe ». À ce titre le 27 juillet 1945, le général de Gaulle, lui délivra la Croix de Guerre avec étoile d’argent.
Il fut naturalisé français le 5 novembre 1945.
Le 23 août 1946, le Comité militaire national des Francs tireurs et partisans français, à qui il avait procuré les plans du dispositif des formations allemandes du Port de Sète, lui décernait un diplôme.
En avril 1965, le colonel directeur de recrutement pour la 9e région militaire lui fit connaître qu’il avait été proposé pour l’obtention de la médaille militaire. Il attendit en vain la décision des ministres successifs et mourra sans avoir obtenu la reconnaissance de la nation pour laquelle il s’était battu.

Hongrie

Boczor Joseph, dit Pierre écrit parfois Boscov [Wolf Fransisc ou Ferenz, dit]

Né le 3 août 1905 à Felbosonga en Transylvanie (alors en Hongrie), fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ouvrier menuisier ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant de la MOI.

Francisc Wolf naquit en Transylvanie en 1905, dans un pays hongrois qui devait devenir roumain en 1919. Il avait en 1943 la nationalité hongroise. Issu d’une famille juive aisée, il s’engagea dès le lycée dans le mouvement révolutionnaire et devint membre des Jeunesses communistes. Il se rendit alors à Prague pour suivre des études d’ingénieur chimiste à l’Institut polytechnique, tout en militant. Volontaire pour combattre en Espagne, il traversa la Tchécoslovaquie, l’Autriche et la Suisse à pied pour rejoindre les rangs des Brigades internationales mais, après la défaite, il fut interné en France dans le camp d’Argelès puis celui de Gurs. Au sein du camp, Boczov était responsable du groupe roumain ; comme la plupart des Roumains brigadistes, il fut déchu de sa nationalité mais lorsque les nazis décidèrent de déporter ces « apatrides », il organisa en avril 1941 l’évasion de tout le groupe qui sauta du train les emmenant vers l’Allemagne.
Arrivé à Paris, il s’engagea dans l’Organisation spéciale-Main-d’œuvre immigrée (OS-MOI) constituée en avril-mai 1941 avec les ex-volontaires d’Espagne. Il prit à cette occasion le pseudonyme de Joseph Boczor, nom d’un camarade de lycée (changé en Boczov par une erreur de transcription). Il remplaça à la tête de l’organisation l’Espagnol Conrado Miret-Must, après l’arrestation de ce dernier, fin 1941.
Lors de la constitution des FTP début 1942, le Parti communiste décida de fusionner les groupes de jeunes combattants MOI pour donner naissance aux FTP-MOI. Boczor, qui craignait, notamment pour des raisons de sécurité, de mêler les combattants chevronnés, habitués à la clandestinité aux groupes de jeunes moins aguerris, refusa cette réorganisation et ne fut pas désigné par le parti pour y procéder. Il refusa de participer au triangle de direction des FTP-MOI parisiens comme le lui proposait Boris Holban, responsable militaire de la nouvelle structure mais il fonda et dirigea le détachement des dérailleurs. Remarquable technicien, l’ingénieur chimiste Boczor allait devenir le chef du 4e détachement qui se spécialisa dans les attaques contre les trains des SS et de la Wehrmacht.
Au mois de novembre 1943, il tomba lors de la vague d’arrestations qui anéantit totalement le détachement, épargné jusqu’alors, et détruisit quasiment les FTP-MOI parisiens. Après trois mois de torture, il fut jugé avec les 23 combattants de l’Affiche rouge et fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien.
Il apparaît sous le nom de Feri Boczov dans le film de Robert Guédiguian, L’armée du crime (2009).

Italie

Balestri Gino [dit Nino]

Né à Bazzano (Italie) le 1er novembre 1901, mort à Marseille le 5 juillet 1983. Maçon. Militant italien exilé en France et en Algérie. Milicien en Espagne et résistant en France.

Né dans une famille qui eut 13 enfants (dont trois décédés avant l’âge de 10 ans) et fut activement antifasciste, Gino Balestri adhéra très jeune aux idéaux libertaires. Il participa activement aux luttes ouvrières de la période du Biennio Rosso et notamment le 4 décembre 1919, avec entre autres Tonino et Celso Persici*, à l’attaque à Bazzano du siège du Circolo Rosa où la foule s’empara en cette période de grande misère de nombreux vivres ; au cours de cette manifestation le Maréchal des carabiniers, Severino Cagnoli, fut obligé par les manifestants de porter sur ses épaules un drapeau noir à travers les rues du village. Il participa ensuite aux premières luttes armées contre les fascistes et fut condamné à six mois et quinze jours de prison en 1921, puis à trois mois en 1925. L’année suivante, suite à une fusillade avec les fascistes – pour laquelle il aurait été condamné par contumace à onze ans de prison – il émigra clandestinement en France où, sans papiers, il allait vivre au jour le jour dans des conditions précaires tout en poursuivant ses activités antifascistes.
Dès son arrivée en France il se lia d’amitié avec d’autres réfugiés anarchistes italiens comme les Gilioli, Camilo Berneri et sa famille*, Renato Castagnoli, Umberto Cecotti, Tintino Rasi et sa compagne Ave, Vindice Rabbitti, Giuseppe Bifolchi*, Alberto Meschi, Umberto Marzocchi, Enzo Fantozzi, Natalino Matteucci, la famille Lami, Renzo Cavani, Gino Bibbi et Luigi Damiano.
Arrêté à Paris en 1930, il fut expulsé en Belgique d’où, après avoir participé à un meeting à Bruxelles, il fut expulsé au Luxembourg avant de regagner la France. En 1932 il prit pour compagne Cosetta Lami, fille du militant anarchiste Mario Lami (mort à Fontenay-sous-Bois en 1930) et partit s’installer avec elle à Marseille. Là, avec notamment Celso Persici, Edoardo Angeli*, Giulio Bacconi*, Cesare Fietta, Orazio Dondi, Emilio Pedrieri, Pio Turroni* et Virgilio Fabrucci, il participa à l’organisation d’une coopérative de travaux du bâtiment qui allait permettre à de nombreux réfugiés politiques d’obtenir du travail et des papiers et dont les bénéfices étaient reversés au mouvement anarchiste.
Gino Balestri et sa compagne Cosetta Lami allaient souvent à Nice pour rendre visite à la famille Dondi et à Mario Baldini. C’est dans cette ville qu’ en 1933 il fut arrêté pour avoir participé à une réunion de « propagande communiste » et condamné à deux mois de prison pour « infraction à un décret d’expulsion ». Vivant clandestinement à Marseille en 1934, il partit alors pour Oran (Algérie) où le rejoignirent sa compagne Cosetta Lami, et leur fille Luce (née à Paris le 3 mars 1934).
En juin 1936 Gino Balestri revint à Marseille, puis gagna Paris où dès le déclenchement de la guerre d’Espagne, par l’intermédiaire du comité Pro Spagna dont s’occupait Tintino Rasi*, il partit comme volontaire dans la section italienne de la Colonne Ascaso et combattit à Almudevar et au Carascal de Huesca sur le front d’Aragon. Bien qu’opposé à la militarisation des milices, il resta sur le front et fut membre du 4e Bataillon confédéral Pi y Margall comandé par Augusto Coll ; il représenta le bataillon aux funérailles d’Antonio Cieri, qui avait remplacé Giuseppe Bifolchi à la tête de la section italienne et qui venait d’être tué sur le front de Huesca. Lors des évènements de mai 1937 et des combats avec les staliniens, il participa à la défense du siège catalan de la CNT-FAI situé à Barcelone sur l’avenue B. Durruti (anciennement Layetana).
À l’été 1937 "quand j’ai compris que c’était foutu j’ai préféré partir", il rentra à Paris où sa compagne avait mis au monde le 8 mars précédent leur deuxième fille Dina. Ne trouvant pas de travail il connut alors avec sa famille deux années de grande misère. Suite au décret du 12 novembre 1938 permettant d’interner "les étrangers indésirables", il fut arrêté en 1939 et emprisonné six mois à la prison de Fresnes. À sa sortie de prison il parvint à obtenir des papiers en règle à son nom, sans doute après avoir signé un engagement à la Légion étrangère afin de ne pas être envoyé au camp d’internement du Vernet. À l’automne 1939 la famille Balestri résidait au 44 rue Planchat (20e arr.).
Pendant l’occupation il fut arrêté lors d’une rafle par les Allemands et déporté sans doute dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO) dans un camp de travail à Cracovie puis à Lublin (Pologne). Après avoir réussi à s’évader en 1943, il regagna la France et la région d’Arcachon où Amadeo Testoni le fit embaucher pour travailler au terrain d’aviation de Cazau et sur le Mur de l’Atlantique. Là, il permit à plusieurs antifascistes italiens – dont lNatalino Matteucci – qui ne voulaient pas partir en Allemagne de les faire embaucher. Comme Matteucci et Testoni il eut alors des contacts avec la Résistance.
Après la Libération il vivait à Paris avec sa compagne et leurs filles Luce et Dina, puis en 1952 il s’installa dans la région de Marseille où le 19 mars naissait sa dernière fille Alba et où il continua de militer et surtout d’aider les réfugiés espagnols. Après avoir essuyé de nombreux refus, il obtint en 1955 sa naturalisation française.
Gino Balestri est mort à Aubagne (Bouches-du-Rhône) le 5 juillet 1983.

Luxembourg

Adamy Michel

Né vers 1905, Michel Adamy fit son service militaire dans l’Infanterie, fut caporal. Venant du Luxembourg, il arriva le 21 janvier 1937 combattre dans les Brigades internationales

Paraguay

Delgado José

Né le 3 mars 1916 à Escobar (Paraguay), tué le 23 mai 1944 ; mécanicien ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant FTP-MOI.

Fils de Fracisca Delgado et de père inconnu, José Delgado s’engagea dans les Brigades internationales de l’armée républicaine espagnole. Après le retrait des Brigades, il régularisa sa situation, obtint une carte d’identité délivrée à Bordeaux par la préfecture de la Gironde. Il fit parti d’un groupe de FTP espagnols : Émiliano Alcon-Fernandez, Sébastien Madueno, Georges Perez, José Garcia et Domingo Tejero-Perez.
Il fut partie prenante d’une série d’attentats à Bordeaux, en juillet 1942, dépôt d’une bombe sous un camion allemand près du parc des sports de la ville ; dépôt d’une cartouche de dynamite sous un camion allemand en stationnement rue Notre-Dame. Accompagné de deux hommes en protection, José Delgado enfonçait un poinçon qu’il avait fabriqué lui-même dans le dos d’un militaire allemand rue Davion. Les autorités firent appel à la délation par voie de presse et offrirent une prime de cinq mille francs pour celui ou celle qui permettrait l’arrestation des « terroristes ».
L’équipe de FTP alla à Paris vers le 20 août, habita 8 Rue d’Odessa, XIVe arr. José Delgado accompagné de Domingo Tejero-Perez participait le 27 à la protection armée de Marcel Lamour, ex-conseiller municipal communiste qui prenait la parole aux abords des usines Renault à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine).
Le 12 septembre, il protégeait en compagnie de Georges Perez, Émiliano Alcon, qui brisait la glace de la vitrine de la permanence des jeunesses populaires françaises (JPF), organisation de jeunesse du PPF, 15 Rue André-Chénier à Issy-les-Moulineaux. Alcon entrait à l’intérieur de la boutique, versait deux litres d’essence et y mettait le feu.
Le 16 septembre rue de Cadix, XVe arr. José Delgado et Georges Perez tiraient sur deux militaires allemands. Ceux-ci n’étaient pas touchés, Émiliano Alcon assurait la protection. Le 26 septembre, seul José Delgado tirait trois balles dans le dos du Hauptfeldwebel (sous-officier) Siebert, avenue Secrétan XIXe arr.
Le 30 septembre, le groupe réalisa une opération très audacieuse contre les jeunesses populaires françaises dans la cour de l’immeuble du PPF, rue Raffet, XVIe arr. Les jeunes collaborationnistes étaient alignés en carré, pour saluer la levée des couleurs, trois hommes surgirent, jetèrent des grenades et tirèrent : deux morts et plusieurs blessés. Une poursuite s’engagea Domingo Tejero-Perez et José Delgado parvinrent à s’enfuir, mais Émiliano Alcon fut rattrapé au métro Jasmin.
Le 8 octobre, José Delgado et José Garcia, membre de la Fédération anarchiste ibérique (FAI) étaient interpellés dans un restaurant de la rue du Maine, XIVe arr. où ils allaient régulièrement. Lors de la fouille de José Delgado, les policiers trouvèrent un ticket de métro indiquant un rendez-vous avec des chiffres et un mot « 18-5-Danube ». Sommé de s’expliquer, frappé, il lâcha le jour et l’heure du rendez-vous avec « une femme blonde » et éventuellement avec un homme surnommé Le chauffeur. Le lendemain, deux inspecteurs de la BS2 interpellaient Domingo Tejero-Perez* Place du Danube, XIXe arr., celui-ci tenta de fuir, les policiers tirèrent, touché par quatre projectiles, il mourut à l’hôpital Saint-Louis, Xe arr.
José Delgado s’enfuyait le 12 octobre des locaux de la BS2 à la préfecture de police, nous ignorons s’il mena des actions avec les FTP par la suite. Il séjourna peut-être à Bordeaux, puis s’évanoui dans la nature.
La Direction générale des Renseignements généraux édita en janvier 1943 un avis de recherches, placardé dans les commissariats et gendarmeries avec sa photographie de face et de profil, ses trois domiciles connus à Bordeaux et à Paris au 28 Rue des Chaufourniers, XIXe arr. Cette évasion parut-elle suspecte aux FTP ? Selon un rapport des renseignements généraux, José Delgado fut tué le 23 mai 1944 par des FTP espagnols pour trahison.

Pologne

Dumont Marcel [Kolorz Joseph, pseud. Dumont Marcel] dit aussi Kostecki Joseph, Kalosk Marcel et Kolosk

Né le 9 mars 1900 à Radlin (Haute-Silésie) Pologne, tué à la bataille de l’Èbre en Espagne (1938) ; membre du comité central du Parti communiste de 1932 à 1936 ; secrétaire du groupe polonais dans la MOI.

Les parents de Joseph Kolorz étaient d’origine paysanne, le père exerçait la profession de charpentier dans la partie de la Pologne rattachée à l’Allemagne. Après huit années à l’école populaire allemande, il commença à travailler à l’âge de quatorze ans comme apprenti dans une usine de chaussures, puis, l’année suivante, entra dans les mines de Haute-Silésie où on travaillait de 9 à 9 heures et demie par jour. Il adhéra en 1916 au syndicat des mineurs d’Allemagne. Il participa aux grèves et manifestations de la révolution allemande et fit partie d’un groupe Spartakus de 1918 à 1919 sans être formellement inscrit au parti (Spartakusbund). Inculpé de haute trahison par l’Allemagne, il repassa dans la nouvelle Pologne en mars 1919 et s’engagea dans l’armée polonaise où il devint sergent et participa à l’offensive de Pilsudski à Kiev. C’est là, déclarait-il en 1931, qu’il commença à connaître les bolcheviks. De 1920 à 1922, il retourna dans les mines de Haute-Silésie où il participa aux mouvements de mineurs, fréquenta des causeries communistes et lut le journal du PC allemand.
Joseph Kolorz émigra en France en 1922 et devint mineur dans le Pas-de-Calais. Il adhéra au syndicat unitaire des mineurs, participa à des grèves en 1923 et, à la fin de cette année, devint membre du Parti communiste à Méricourt (Pas-de-Calais). Après quelques mois comme manœuvre dans le bâtiment il fut, jusqu’en 1926, instructeur du parti dans les mines du Nord puis en 1927 dans la Moselle où il fut mineur, au début de l’année, à Merlebach. Fin 1927, il quitta la mine et devint permanent comme instructeur du groupe polonais du Nord de la France jusque fin 1929. Il fut arrêté le 2 octobre 1929 et condamné, à Béthune, à huit jours de prison. Il partit en Belgique dans la région de Liège de décembre 1929 à mars 1930 et, à son retour, fut permanent de la CGTU dans l’est de la France. Il participa aux grèves de 1931 et 1933 et fut de nouveau arrêté le 30 avril 1931, lors d’un meeting préparatoire au 1er mai dans le Calvados, et condamné à deux mois de prison et 50 F d’amende. La même année, il était affecté à la cellule d’Ivry. Il avait alors pour compagne Brajndla Gutman, fille d’un petit commerçant polonais, membre du parti depuis 1930. Elle s’occupait des affaires culturelles, étant responsable de la librairie des ouvriers polonais en France (FUR).
En 1931, Dumont était secrétaire et trésorier de la commission centrale des groupes polonais et, en 1936, secrétaire du collectif du parti communiste pour le travail de la MOI (Main d’œuvre immigrée). Dans le PC il fut délégué à la conférence nationale de 1928, où avec le bureau régional du Nord, il émit des réserves (sous le nom de René) quant à la tactique « classe contre classa ». Délégué aux 6e (Saint-Denis 1929) et 7e congrès (Paris 1932) il entra, lors de ce dernier, dans le Comité central sous la dénomination « un camarade polonais ». Il fut également délégué à la conférence nationale d’Ivry (1934) et au congrès de Villeurbanne (1936). Il écrivit des articles dans la presse communiste polonaise, il parlait et écrivait couramment l’allemand et le polonais, il parlait mais écrivait difficilement le français. Pendant la guerre d’Espagne, il combattit dans les Brigades internationales et fut tué à la bataille de l’Èbre (selon Giulio Cerreti* dans A l’ombre des deux T, p. 168).
Un autre immigré polonais, Louis Grojnowski*, raconte qu’en 1937, après la dissolution du Parti communiste polonais par l’Internationale communiste, la direction politique de l’immigration polonaise en France avait été modifiée : « Certains dirigeants, dont Joseph Kostecki-Kolosz (Marcel), membre du Comité central du Parti communiste français, avaient été envoyés en Espagne, d’autres écartés. On désigna une nouvelle direction composée de mineurs, braves militants mais politiquement inexpérimentés. J’ai bien connu Marcel Kolosz-Kostecki. Nous étions même liés d’amitié. C’était un ouvrier métallurgiste et un mineur, un autodidacte, de ceux qui, à force de lectures, d’acharnement à s’instruire, par leur travail au syndicat ou dans les organisations politiques et grâce à une intelligence innée, gravissent les échelons de l’organisation et deviennent des dirigeants politiques. J’aimais le rencontrer ; il parlait lentement, soupesant chacune de ses paroles. Il était calme, toujours serein et souriant timidement. » (Le Dernier grand soir, p. 99.).

Roumanie

Hirsch Edmond, dit Adam alias Fiser Emeric

Né le 7 mars 1913 à Toplita en Transylvanie (Roumanie), mort le 25 octobre 1943 à Mauthausen (Autriche) ; journaliste ; communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant membre de l’Organisation spéciale puis des FTP-MOI.

Fils de Samuel et de Joséphine, née Stein, Edmond Hirsch Juif de Transylvanie parlait le hongrois et le roumain, il fut arrêté en 1932 en Roumanie, condamné à trois ans de prison pour « propagande communiste ». Il vint en France en 1937, partit combattre dans les Brigades internationales en Espagne républicaine. Interné dans le camp d’Argelès puis de Saint-Cyprien après le retrait d’Espagne, il s’évada avec un groupe d’internés en juin 1941. Il rejoignit non sans difficultés Paris. Intégré dans l’Organisation spéciale, il devint l’adjoint de Joseph Boczor.
Chef du premier détachement, il dirigea plusieurs actions, l’attaque d’un détachement de soldats Allemands place du Danube. En juin 1942, il déposa un engin explosif sur la voie ferrée entre Villeneuve-Saint-Georges et Juvisy, l’engin n’explosa pas. Edmond Hirsch participa à la préparation d’une action qui eut un grand retentissement. Le 5 août 1942 vers 9 heures, Carol Goldstein, Andrei Sas Dragos et Nicolas Cristea du 1er détachement lançaient deux grenades sur une cinquantaine de soldats de la Luttwaffe qui effectuait le tour de la piste, bilan deux morts, cinq grièvement blessés, et quinze autres blessés.
Il fut l’organisateur d’une quinzaine d’attentats. Le 6 septembre 1942, des engins explosifs étaient déposés dans un garage réquisitionné par le Allemands rue Bargue, XVe arr. Le 8, vers 23 heures, un engin explosait sur le rebord extérieur d’une fenêtre du hall de l’Hôtel Primavera occupé par les Allemands 147 ter rue d’Alésia, XIVe arr. Deux soldats Allemands étaient sérieusement blessés ainsi que deux jeunes civils. Le 19 un engin incendiaire était déposé au 6 Rue Martel, Xe arr. Le 6 octobre des engins incendiaires étaient lancés dans un garage réquisitionné par les Allemands au 62 Rue de Lagny à Montreuil-sous-Bois. Le 11, deux pétards étaient déposés sur les rebords des fenêtres de l’Hôtel Régence 5 à 7 Rue Thérèse, à Paris Ier arr.
Le 4 novembre des avertisseurs de police étaient détruits Place des Fêtes, XIXe arr. et 13 Rue de Vanves, 48 heures plus tard, même opération rue Geoffroy-Saint-Hilaire, Ve arr. Le 9 novembre, dépôt d’un engin incendiaire à la librairie Rive Gauche. Le même jour, deux dépôts d’engins explosifs l’un à l’Hôtel Splendid-Lafayette, IXe arr., l’autre vers 21 heures 20 à l’Hôtel Normandy, rue de l’Échelle, Ier arr., il n’y eut ni dégât ni victime. Le 10 novembre, un avertisseur de police était détruit rue de Tolbiac, XIIIe arr. Le 12 vers 20 heures 50 une bombe explosait visant l’Hôtel Montana 26 Rue Saint-Benoît, VIe arr., trois femmes étaient blessées. Le 20, nouvelle opération dans le garage de la rue Bargue, XVe arr. Le 27 vers 19 heures 10, trois bombes étaient déposées devant la façade de l’Hôtel de France, 4 Rue du Caire, IIe arr., deux explosèrent causant d’importants dégâts matériels et blessant très légèrement la fille du propriétaire.
Depuis les chutes de Goldstein, Sas Dragos et Christea le 19 octobre 1942, la GPF informa la BS2 qui rechercha activement Edmond Hirsch qualifié de « responsable militaire ». Le 6 décembre 1942 vers 10 heures 30, la BS2 interpella Oswald Zavodsky, torturé, il lâcha qu’il avait un rendez-vous avec Adam le lendemain. Le 7 décembre, des inspecteurs arrêtèrent Hirsch près de la station de métro La Chapelle. Fouillé il portait sur lui des faux-papiers au nom de Emeric Fiser, un carnet portant des indications manuscrites un cahier de feuilles de papier à cigarettes portant des indications de rendez-vous.
Il demeurait 1 Rue du Surmelin à Paris XXe arr., disposait d’un domicile clandestin au 7 Rue du Capitaine Ferber, XXe arr., les policiers y saisissaient : une bombe, une mitraillette Mauser avec chargeur, deux pistolets automatiques 7,65 m/m, un revolver 6,35 m/m… et l’indicatif des chefs de groupe du détachement. Ils tendirent une souricière où tomba Julie Deutsch, agent de liaison avec le service des faux-papiers. Dans son sac à double fond quatre jeux de faux-papiers et une note avec les lieux et heures de rendez-vous. Dans les 48 heures six FTP-MOI étaient arrêtés.
Lors des interrogatoires dans les locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, Edmond Hirsch fut torturé, il déchargea de toute responsabilité Julie Deutsch « avec qui je cohabitais depuis peu de temps », elle « ignorait tout de mon activité et [de] l’existence du matériel entreposé 7 Rue du Capitaine Ferber ». Il reconnaissait son rôle d’organisateur dans les attentats et de sa liaison avec Jaroslaw Martunek, pseudonyme d’Andrei Sas Dragos, l’un des artificiers de l’attentat du stade Jean-Bouin.
Incarcéré, livré aux Allemands, Edmond Hirsch était dans le wagon de cinquante-deux hommes qui partit le 16 août 1943 de la gare de l’Est à destination de Sarrebruck (camp de Neue Bremm) en Allemagne. De ce camp de triage, Edmond Hirsch et Oswald Zavodsky classés « NN » Nuit et Brouillard (condamnés à disparaître) étaient envoyés le 26 août à Mauthausen (Autriche). Matricule 34540, Edmond Hirsch y mourut le 25 octobre 1943. Oswald Zavodsky échappa à la mort, il rentra en Tchécoslovaquie où il connut un destin tragique.
 
Russie
 
Chassaing Thérèse [née Berkovitch Ossipovitch Tauba, dite Thérèse]

Née le 21 février 1908 à Odessa (Russie, URSS, Ukraine), morte le 19 août 1975 à Villejuif (Val-de-Marne) ; coloriste, puis ouvrière à domicile et enfin en usine ; militante communiste ; membre de l’état-major des Brigades Internationales en Espagne ; déportée à Auschwitz le 20 janvier 1944.

Immigrée juive originaire de Russie, considérée comme de nationalité indéterminée, Tauba Berkovitch Ossipovitch milita activement dans les organisations communistes dès son arrivée en France en juin 1926, venant de Varsovie, munie d’un passeport Nansen. Elle adhéra aux Jeunesses communistes en août 1927 et au Parti français en mai 1928. Le 24 mars 1929, elle fut arrêtée lors de la conférence de la région parisienne du Parti communiste tenue à la salle Reflut de Clichy (Seine, Hauts-de-Seine), à laquelle elle participait en qualité de déléguée de cellule de rue, à la suite d’une bagarre opposant des militants du PC à des agents de la force publique. Le lendemain, un arrêté d’expulsion lui fut notifié ; elle quitta alors Paris, mais fut arrêtée en Lorraine et condamnée le 22 décembre 1931 à vingt jours d’incarcération par le tribunal de Briey, pour infraction à un arrêté d’expulsion. Reconduite à la frontière, elle gagna la Belgique, où dès son arrivée, elle milita activement au Parti communiste belge, plus particulièrement dans les rangs de sa section féminine et dans ses organisations de masses sympathisantes. En raison de cette activité politique, une décision d’expulsion fut prise à son encontre en mars 1931 ; arrêtée en juin, elle fut reconduite à la frontière.
Elle revint alors en France et pour éviter une nouvelle mesure d’expulsion, contracta, en août 1931, dans le but d’obtenir sa naturalisation, un mariage blanc avec Henri Chassaing, militant communiste français, membre du 2e rayon de la région parisienne du PCF, futur responsable de la MOI au sein de la direction régionale du Parti communiste. Après avoir habité pendant quelques mois chez Marguerite Chapon, militante communiste, élue conseillère municipale de Villejuif lors des élections invalidées du 3 mai 1925 sur la liste du Bloc Ouvrier et Paysan, elle vécut à Nancy (Meurthe-et-Moselle) dans un garni rue Sainte Catherine de janvier 1932 à mars 1933, d’abord seule, puis maritalement avec le militant Raymond Vincent, gérant du journal communiste La Lorraine ouvrière et paysanne. En février 1932, il lui fut infligé un blâme par la Commission de contrôle politique du PCF, sans que la raison exacte ne lui fût clairement précisée.
Ouvrière en chaussures, Tauba dite Tania, dite Jeanne se livra à une active propagande auprès de la main-d’œuvre étrangère polonaise en Lorraine. Considérée par la police comme chargée de contrôler le travail des dirigeants du Parti en Meurthe-et-Moselle et de donner un nouvel essor à la propagande subversive, elle se fit remarquer aussi à la tête de toutes les manifestations et dans de nombreuses réunions, où elle prit la parole, en faveur du Congrès d’Amsterdam contre la guerre. En septembre 1932, elle fut surprise également à distribuer des tracts du Comité nancéien d’initiative pour la lutte contre la guerre impérialiste. Elle recevait aussi à son domicile un grand nombre de journaux étrangers interdits qu’elle faisait distribuer aux travailleurs immigrés par la communiste polonaise, Freida Strykowska. Ensemble ces deux militantes se rendaient dans les centres ouvriers de Varangéville, Saint-Nicolas-de-Port et Dombasle. En avril 1932, le préfet de Meurthe-et-Moselle demanda au ministre de la Justice d’engager contre elle devant le Tribunal de Nancy une procédure en déchéance de nationalité, en raison de son activité politique. Suite à l’ouverture d’une commission rogatoire ordonnée par la même juridiction pour « provocations de militaires à la désobéissance dans un but de propagande anarchiste », deux perquisitions furent menées à son domicile. Au cours de la première, en juin 1932, divers documents furent saisis dont un tract intitulé « la mobilisation contre la guerre n’est pas la Paix », se terminant par le slogan « Si vous voulez la paix, préparez la guerre civile » ainsi qu’une note relative à l’école d’agitation et de propagande communiste de Nancy, mentionnant qu’un cours y était donné par ses soins. Au cours de la seconde, en décembre 1932, fut découvert un seul tract intitulé « Soldats et Marins. Amnistie pour vos Frères. »
Revenue à Paris, elle logea dans un garni, rue Nollet (17ème arr.), où elle travailla à domicile comme mécanicienne en chaussures jusqu’en juin 1934. Une nouvelle perquisition fut opérée alors à son domicile et entraîna la découverte de notes relatives à l’agitation communiste, de tracts antimilitaristes, de journaux interdits et établit également ses relations avec un militant considéré par la police comme dangereux au point de vue national. Suite à cette affaire, elle fit à nouveau l’objet, en novembre de la même année, d’une action en déchéance de nationalité à la demande du ministère de l’Intérieur pour « un mariage blanc contracté en vue de couvrir son activité politique en France », notamment au sein du Secours rouge international et du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme. Par jugement de la première chambre du tribunal civil de première instance du département de la Seine du 19 juin 1935, l’action en déchéance fut rejetée. Cependant, les services du ministère de l’Intérieur demandèrent au préfet de police de continuer d’exercer une surveillance étroite à son égard. Elle fut ouvrière sur machines à l’usine Hispano-Suiza, d’avril 1935 à mars 1937, date de son départ pour l’Espagne, où elle fit partie de l’état-major des Brigades internationales à Albacete jusqu’en février 1938, en tant que responsable de la rédaction du journal Le Volontaire de la Liberté. De retour à Paris, demeurant Bd Brune dans le 14e arr., elle se fit embaucher de nouveau, dès avril 1938, à l’usine Hispano-Suiza, où elle se livra à une intense activité politique. En décembre 1939, elle fut dénoncée par lettre anonyme pour propagande communiste et quitta cette entreprise en février 1940.
Considérée par les services de police comme une « communiste notoire, personnage suspect et dangereux », elle fut arrêtée le 27 juin 1941 par des inspecteurs de la préfecture et incarcérée à la prison de la Petite Roquette, comme internée administrative. Le 16 septembre de la même année, elle fut transférée au centre de séjour surveillé de Châteaubriant, suite à sa fermeture, au camp d’Aincourt (Seine-et-Oise) le 12 mai 1942, puis au Camp de Gaillon et enfin au Centre d’internement administratif de La Lande à Monts (Indre-et-Loire). C’est là qu’elle fut avisée que la nationalité française lui avait été retirée par un décret en date du 1er novembre 1940. Transférée à Drancy le 20 décembre 1943, elle fut déportée à Auschwitz le 20 janvier 1944, puis à Ravensbrück.
De retour des camps, rapatriée en France le 22 mai 1945, elle recouvrit la nationalité française, par disposition de l’ordonnance du 24 mai 1944. Directrice de la Commission Centrale de l’Enfance de l’UJRE, à la tête de son foyer de Montreuil-sous-Bois, puis de celui d’Arcueil accueillant des orphelins, elle consacra son action à l’enfance juive. Elle l’a poursuivie en devenant trésorière de l’association médico-pédagogique « La Forge » de Fontenay-aux-Roses. Divorcée d’Henri Chassaing par jugement du 22 février 1959, elle obtint la francisation de son nom en Osbert Thérèse par décret du 7 mars 1968. Demeurant à Paris (XVe arr.), rue Gustave Larroumet, elle décéda le 19 août 1975 à Villejuif

Slovaquie

Baneth Evzen

Né le 29 septembre 1902 à Lučenec (Tchécoslovaquie, Slovaquie), mort en juin 1949 (Hongrie) ; journaliste ; communiste ; volontaire en Espagne républicaine.

Evzen Baneth
Fils de Wilhelm et de Rosalie, née Grosmann, Evzen Baneth était né en territoire Hongrois devenu Tchécoslovaque en 1918. Il suivit une scolarité primaire, puis secondaire, exerçait la profession de journaliste à Magyar Nap, (La Journée Hongroise) journal qui paraissait à Moraská Ostrava, à l’intention de la minorité Hongroise. Il épousa Jolan Winkler, née en 1912, le couple était sans enfant.
Communiste, il partit combattre en Espagne en juillet 1937, il fut incorporé dans la XIIIe Brigade internationale dans l’infanterie comme lieutenant, commissaire politique du bataillon Rákosi. Rapatrié le 10 février 1939, il fut interpellé alors qu’il passait la frontière à pied non loin de Port-Bou (Pyrénées-Orientales).
Démuni de passeport, il était interné au camp de Saint-Cyprien dans le même département pendant trois mois, puis à Gurs (Basses-Pyrénées-Pyrénées-Atlantiques) jusqu’au 4 janvier 1940. À cette date, il fut mis à la disposition des autorités militaires Tchécoslovaque en France, celles-ci le réformèrent.
Evzen Baneth vivait avec la femme Haraszty, divorcée du docteur István Haraszty de la Centrale sanitaire internationale, partit vivre au Chili. Le couple habitait 29, rue Mazarine, Paris VIe arr. Les autorités françaises devaient à nouveau l’interner dans un camp du Lot-et-Garonne.
Après la guerre, il s’installa en Hongrie. Un rapport d’Artur London sur Evzen Baneth datant de 1955 fut trouvé dans les archives du parti communiste tchécoslovaque par Karol Bartosek. La section des cadres des Brigades internationales recommanda « en 1938, Baneth aux Soviétiques pour une formation spéciale. À sa sortie, il devait être utilisé dans l’appareil soviétique en dehors de l’Espagne. […] À la suite de sa demande, il a quitté ce cours de formation ». Dans L’aveu, Artur London écrivit qu’il fut longuement interrogé sur Rajk et Baneth.
Au lendemain de la guerre, Staline décidait une reprise en main des partis communistes européens, le 22 septembre 1947, naissait le Kominform (Bureau d’information). La suspicion politique allait très rapidement toucher tous les partis communistes. Le 28 juin 1948, les communistes yougoslaves étaient condamnés et du même coup ceux qui eurent des relations avec eux en Espagne. Il y eut des exclusions dans les pays où le parti communiste n’était pas au pouvoir.
Des procès politiques eurent lieu dans les pays dits de démocratie populaire. Lazlo Rajk, ministre des affaires étrangères hongrois, ex-brigadiste, commissaire politique du bataillon Rakosi était arrêté le 30 mai 1949. Un procès truqué, calqué sur ce qui se déroula lors des procès de Moscou, se déroula du 16 au 24 septembre 1949. Huit étaient accusés d’être des espions, des trotskistes etc. Tous furent battus, soumis au chantage au nom de l’intérêt du parti, ceux d’origines juives étaient qualifiés de sionistes. Il y eut trois condamnations à mort dont Lazlo Rajk.
Evzen Baneth selon Artur London se suicida d’une balle dans la tête peu après l’arrestation de Rajk.

Suède

Sodersbrowe Robert

Antifasciste ; volontaire en Espagne républicaine.

Né le 2 juillet 1910 en Suède, de nationalité suédoise, Robert Soderbrowe partit de Paris le 21 avril 1938 pour aller combattre dans les Brigades internationales de l’armée républicaine espagnole. Il était accompagné de cinq autres compatriotes. Bien qu’inconnu aux archives de la police judiciaire, son nom fut pendant la guerre placé en observation au service des garnis.
 
 
 
Suisse
 
Thalman Clara, née Ensler
 

Née le 24 septembre 1908 à Bâle (Suisse), morte le 27 janvier 1987 à Nice (Alpes-Maritimes) ; militante des Jeunesses socialistes suisses, puis des JC en France (1925-1927) ; combattante en Espagne républicaine ; oppositionnelle proche des trotskystes, pendant et après la guerre, puis des anarchistes ; résistante.

Née dans une famille comptant dix enfants qui devaient tous s’engager dans le mouvement ouvrier, Clara Ensner, dont le père était tailleur de pierre, adhéra à quatorze ans aux Jeunesses socialistes de Bâle. Elle résida de 1925 à 1927 à Paris où elle fut ouvrière dans la métallurgie, notamment aux usines Renault. Elle milita à la Jeunesse communiste et collabora occasionnellement à l’Humanité. À son retour à Bâle, elle se lia à Paul Thalmann qui revenait d’Union soviétique et partagea désormais son existence. Elle fut responsable d’une cellule de jeunes métallurgistes. Lors de l’exclusion du parti de Paul Thalmann en 1929, on exigea sa rupture immédiate avec le « renégat » ; n’obtempérant pas à cette exigence, elle fut exclue à son tour.
Clara Thalmann se rendit au début de juillet 1936 en Espagne en autostop dans l’intention de participer comme nageuse aux Spartakiades de Barcelone faisant pendant aux Jeux olympiques qui se déroulaient à Berlin. L’Espagne lui était familière, elle l’avait parcourue avec Paul Thalmann en 1930 et 1932. La guerre civile ayant éclaté, Clara Thalmann combattit sur le front dans une colonne de la CNT, où son compagnon vint la rejoindre. Après une tournée de propagande en Suisse, ils retournèrent en Espagne en janvier 1937 et s’intégrèrent au Groupe international de la Colonne Durruti, qu’ils quittèrent en mars. Après les journées de mai, ils passèrent plusieurs semaines en prison à Valence avant d’être libérés grâce aux pressions de l’Internationale socialiste. Ils quittèrent l’Espagne à la mi-septembre 1937 et vécurent désormais en France. Ils s’occupèrent en premier lieu de la libération des détenus en Espagne.
Après la guerre, Paul Thalmann collabora avec Nicolas Lazarévitch* à La Réalité russe et participa au cercle « Liaisons internationales » et au cercle Zimmerwald de Maurice Chambelland. Les Thalmann quittèrent Paris en 1954 pour Nice (Alpes-Maritimes). Ils firent des conférences sur la guerre d’Espagne et le rôle des anarchistes, dans les universités en Allemagne et en Suisse. En 1966, un film de la télévision allemande relata leur histoire. La télévision suisse produisit en 1973 un film de Richard Dindo, Les Suisses dans la guerre civile espagnole, où ils apparaissent en bonne place. En 1977, ils publièrent leurs mémoires à Hambourg : Revolution für die Freiheit, Stationen eines politischen Kampfes, Moskau-Madrid-Paris. La traduction française parut en 1983.
Clara Thalman retourna en Espagne en 1983 avec Augustin Souchy et une équipe de cinéma qui les filma sur leurs lieux de militance. Elle participa à la Rencontre internationale anarchiste de Venise en 1984.
 
Syrie
 
Aristokes Karnigan

Né vers 1912 ; communiste ; volontaire en Espagne républicaine.

Karnigan Aristokes, de nationalité syrienne était membre du Parti communiste, demeurait à Gentilly (Seine, Val-de-Marne). Un responsable de la section communiste, Grazamiau, se porta garant de lui. Il partit le 22 octobre 1937 en Espagne combattre dans les Brigades internationales.
 
 

Tchécoslovaquie

 

Holdos Ladislav dit aussi Laszlo, pseud. Pedro, dit Laco, dit Peter alias Pierre Kaliarik

Né le 14 mai 1911 à Ruzomberok dans la région de Zilina (Tchécoslovaquie - Slovaquie), mort 9 septembre 1988 à Bratislava (Tchécoslovaquie - Slovaquie) ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine, résistant de la Main d’Œuvre Immigrée (M.O.I.) en France ; responsable national aux cadres des F.T.P.-M.O.I.

Ladislav Holdos naquit dans une famille d’enseignants. Après ses études, il travailla comme employé de banque. Il adhéra au parti communiste tchécoslovaque en 1935 et s’engagea en 1936 comme volontaire dans les Brigades internationales. Il fut le dernier commandant de la batterie antiaérienne Gottwald. En 1939, il se réfugia en France. En octobre 1939, à la suite d’un accord entre la France et le gouvernement tchèque en exil à Londres, une armée tchécoslovaque fut constituée et le PCT décide d’y participer. Ladislav Holdos devint le responsable des communistes parmi les engagés tchécoslovaques.
Après la défaite, il obtint la démobilisation de ses hommes et leur dispersion dans la région de Marseille et d’Agde et fut en contact régulier avec Artur London. Lors de la reconstitution de la M.O.I., il fut avec Karel Stefka et Tonda Svoboda, membre du triangle de direction de la section tchécoslovaque. Au printemps 1941 il participa à a création d’un Comité national antifasciste où se côtoyaient socialistes et communistes tchécoslovaques. Il entra à l’Organisation spéciale (O.S.) et à la fin de 1942 devint responsable national aux cadres de la M.O.I., chargé du contrôle et du recrutement des volontaires pour la lutte armée.
Holdos fut arrêté par quatre inspecteurs de la BS1 le 4 février 1943 vers 16 heures quai des Tuileries à Paris (Ier arr.). Il était en compagnie de son adjoint le roumain Ian Calin qui présenta une pièce d’identité au nom de Nicolas Stanescu. Emmenés dans les locaux des brigades spéciales, Holdos prétendit s’appeler Jean Gantner né en Slovaquie, habitant rue Blomet à Paris (XVe arr.). Aucun Gantner n’habitant à cette adresse, Ladislav Holdos déclara se nommer Pierre Kaliarik demeurant 31 rue Vavin à Paris (VIe arr.).
Fouillé, il portait sur lui deux documents manuscrits mentionnant l’arrestation de militants le 2 décembre 1942, une liste de lieux de rendez-vous, une liste de sept noms, et celui de Pitton avec son adresse à La Garenne-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine), ainsi qu’une somme de cinq mille francs. Les sept hommes la plupart d’anciens membres du parti communiste furent mis hors de cause ainsi que la femme qui lui avait occasionnellement prêté son pavillon.
Pierre Kaliarik (Ladislav Holdos) qui se présenta comme un français d’origine tchécoslovaque fut interrogé par le commissaire de la BS1 Fernand David et plusieurs inspecteurs. Il déclara s’être engagé dans une formation tchécoslovaque en France et avoir été démobilisé le 10 août 1940, et avoir séjourné à Adge (Hérault).
Il témoigna plus tard auprès de Karel Bartosek sur la façon dont il avait été traité lors des interrogatoires : « Ils m’ont surtout interrogé les neuf premiers jours après l’arrestation. […] Ils me cognaient tellement que j’avais le dos totalement déchiqueté et m’allongeaient tout nu sur une table, deux me tenaient les jambes et deux autres les bras, le cinquième me frappaient jusqu’au sang à coups de cravache ». La police française ne découvrit jamais, malgré les tortures, leur véritable identité et ce fut sous ces noms qu’ils furent déportés. Ladislav Holdos minora son action, avoua que le logement de la rue Vavin lui avait été indiqué par la doctoresse Dora Klein. Celle-ci ancienne de la Centrale Sanitaire Internationale (C.S.I.) en Espagne fut arrêtée quelques mois plus tard.
Condamné à cinq ans de prison, il fut successivement incarcéré à La Santé, Poissy, Melun, Châlons-sur-Marne, et enfin Compiègne. Holdos sous l’identité de Pierre Kaliarik fut déporté de Compiègne le 12 mai 1944 dans un convoi de 2073 hommes vers Buchenwald (Allemagne). Dans le camp, il s’occupa des contacts entre les prisonniers politiques français et tchécoslovaques. Matricule 51010 il survécut. Quant à Nicolas Stanescu déporté sous l’identité de Nicholas Stanesko, il mourut d’épuisement au Kommando de Wöbbelin (Allemagne). À son retour Ladislav Holdos fut décoré de la Légion d’honneur et homologué Déporté Interné Résistant. Pour ses camarades en prison et à Buchenwald il était Pedro. Lise London l’appelait toujours Laco.
Rentré en Tchécoslovaquie, Ladislav Holdos devint secrétaire d’état aux affaires des cultes en Slovaquie. Arrêté le 2 février 1951, jugé avec Gustave Husak, chef présumé lors du procès politique dit des « nationalistes bourgeois » en Slovaquie avril 1954, il fut condamné à treize ans de prison. Il raconta à Karol Bartosek qu’il avait été atrocement torturé par la police politique, qu’il avait craqué, et avoué avoir été un « agent impérialiste et trotskiste ».
Il fut par la suite réhabilité, réintégré dans le parti et devint quelques mois ambassadeur à Cuba en 1969-1970.
Il fut, semble-t-il, à nouveau exclu.
 
Turquie
 

Antonio Edouard

Né le 7 mai 1891 à Constantinople (Turquie) ; ajusteur ; combattant volontaire en Espagne républicaine.

Édouard Antonio était célibataire, il habitait 203, av. Jules-Quentin, à Nanterre (Seine-Hauts-de-Seine). Il travaillait à la Papeterie de Nanterre qui comptait quatre cents cinquante salariés. Il avait servi pendant deux ans dans la Légion étrangère. Il était adhérent du syndicat CGT et du Parti communiste sur son lieu de travail depuis 1936.
Édouard Antonio arriva le 19 février 1938 en Espagne. Il fut affecté comme caporal armurier dans le bataillon Vaillant-Couturier de la XIVe Brigade internationale la Marseillaise. Il estimait que la politique du Front populaire défendait : « Le pain, la paix et la liberté », et que : « Les Brigades sont la plus grande manifestation de la solidarité du prolétariat international contre le fascisme ».
Il fut rapatrié en décembre 1938, il était considéré comme « Bon » par la commission des cadres du Parti communiste espagnol.
 
 
 

Ukraine

 

Stein Sygmunt

Né en 1899 dans les environs de Lvov (Lemberg, Lviv), Ukraine, Galicie, mort le 18 mars 1968 à Paris (hôpital Tenon) ; volontaire en Espagne républicaine.

 
Né dans une famille juive, pauvre, très religieuse, Sygmunt Stein fréquenta le heder puis rompit très jeune avec la religion et avec sa famille. Socialiste, membre du Bund, il adhéra au Parti communiste en Galicie et en Tchécoslovaquie, à Prague. Il y dirigeait le Gezerd, un mouvement communiste de fixant pour objectif le renforcement de la République juive autonome au Birodidjan et publiait Birobidjan in Bau (Birobidjan en construction). Selon son témoignage, heurté par les procès de Moscou, il partit comme volontaire en Espagne pour trouver de nouvelles raisons de croire dans le communisme. Désigné à Albacète comme commissaire à la propagande, il y côtoya André Marty dont il fait un portrait charge dans ses souvenirs.
De retour d’Espagne, en avril 1938, il s’installa à Paris mais il resta sans revenu et sans connaître la langue. Il parlait le yiddish, l’hébreu, le polonais, l’ukrainien et l’allemand. Il vécut dans la Yevsektsia de Paris où il rencontra Perla Fajnmel originaire de Pologne qui devint sa compagne. À la déclaration de guerre, il voulait s’engager dans la Légion étrangère mais un accident l’en empêcha. À l’arrivée des Allemands à Paris en juin 1940, ils partirent en Corrèze, à Saint-Pantaléon-de-Larche, vivant de jardinage et de l’élevage de poules. Puis ils se marièrent et passèrent Suisse où leur fille unique, Odette Stein, naquit le 2 juin 1944.
Le couple revint à Paris à la Libération. Il écrivit dans Undzer vort et donna des conférences littéraires en yiddish tout en vivant de la confection dans le XXe arr.
Éloigné du communisme, très hostile au stalinisme, il restait de gauche et soutenait les luttes des travailleurs. Il rédigea en 1961, en yiddish, des souvenirs sur son engagement en Espagne, témoignage passionnant mais malheureusement truffé d’invraisemblances.

Yougoslavie

Gorjan Oskar dit Gorvan

Antifasciste ; volontaire en Espagne républicaine.

Né le 12 décembre 1905 à Senta en Serbie (Yougoslavie), le docteur Oskar Gorjan vivait en France, il fut affecté à la Centrale sanitaire internationale (CSI).