Lettres de brigadistes
André Marty et les Brigades internationales
La correspondance des volontaires, une source documentaire exceptionnelle
Texte d'Edouard Sill
La correspondance constitue un matériel documentaire fondamental et irremplaçable pour observer au plus près le quotidien, les attentes et les préoccupations des volontaires internationaux venus en Espagne. Archive de l’intime et du sensible par essence, elle constitue une source incomparable d’informations sur les volontaires et particulièrement sur leur moral. C' est d’ailleurs ainsi qu'elle fut employée par la censure postale mise en place par les Brigades internationales, qui, dès mai 1937, reçut la mission de préparer un bilan du moral de la correspondance des volontaires, trois fois par mois. Les lettres partantes ou arrivantes considérées comme susceptibles d’altérer le moral de la troupe et celui de « l’arrière », c’est-à-dire les correspondants situés à l’étranger, étaient interceptées,mais dans des proportions, semble-t-il, peu importantes.
Les Internationaux ont énormément écrit à leurs proches, à leurs familles et amis surtout, mais également à leurs camarades d’atelier, de syndicat ou de parti. Fin novembre 1936, les volontaires envoyaient depuis Albacete 700 lettres par jour vers l’étranger, principalement la France. En janvier 1937, la moyenne quotidienne des envois postaux était de 1 000 lettres et 300 cartes postales, ce qui dépassait largement les capacités de contrôle de la censure postale.
Pour éviter de donner des informations d’ordre militaire, mais aussi pour protéger l’anonymat des volontaires et éviter les poursuites judiciaires, le courrier devait être adressé poste restante au SRI d’Albacete. Après avoir été contrôlé, le courrier était acheminé vers le front. Depuis l’Espagne, les volontaires reçurent la consigne de ne pas coller de timbre espagnol sur les enveloppes, pour éviter qu’il soit identifié comme tel par la police, et bénéficièrent de ce fait d’une franchise postale.
Les Brigades internationales ont toujours porté un soin méticuleux à l’acheminement et la distribution du courrier. L’isolement émotionnel et informatif du soldat au front, sentiment renforcé dans le cas des Internationaux par leur qualité d’étrangers, a donné à la correspondance et aux journaux venus de l’étranger une place fondamentale dans les « filières de l'information » des tranchées, décrites par Fréderic Rousseau à propos de la Grande guerre.
La correspondance subsistante se répartit entre les fonds privés possédés par les familles et les différents fonds d’archives des Brigades internationales, en ce qui concerne les lettres saisies par la censure, celles revenues sans destinataire identifié, récupérées sur des volontaires décédés à l’hôpital ou au front ou encore lors des retransmissions postérieures.
C’est le cas de l’ensemble épistolaire conservé dans le fonds André Marty du CHS. Il s’agit de deux ensembles de lettre, un premier lot de sept lettres envoyées par « Robert », volontaire français de Bagnolet, à sa femme, entre novembre et décembre 1936. Le second lot de deux lettres de « Jacques Sedillot » volontaire français de Tours rédigées en septembre 1937. Les deux volontaires français abordent des sujets variés tels que le grand recrutement de l’automne 1936, les combats, leur perception des évènements en cours, la présence des femmes dans les Brigades internationales et les désertions.
Selon son ami Roger Convard, après la guerre, il créa une « école genre Berlitz à Tours (il parlait environ 14 langues).
Jacques Sédillot fut membre de l’AVER de 1958 à 1964, il habitait alors Tours.
Il serait enterré à Savonnière (Indre-et-Loire).
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