68 à la Maison de l'Afrique

Mai-juin 1968 : Etudiants étrangers en France

Afrique

Mai 68 au pavillon Afrique

par Françoise Blum


Le pavillon de la France d’Outre-mer qui ne s’appelait pas encore Maison de l’Afrique mais semble-t-il n’avait pas été débaptisé malgré les indépendances fut le premier occupé par les étudiants qui y logeaient en mai 68. Cela sera suivi, ainsi que cette exposition peut déjà en témoigner par plusieurs autres occupations.
En mai 68, l’occupation du pavillon Afrique fut précédé par quelques incidents qui poussèrent les résidents à prendre la décision d’occupation. Le 16 mai une affiche appelant à une Assemblée générale fut arrachée par la direction du pavillon. Il en a résulté un échange très vif entre le secrétaire du Comité des résidents et l’économe de la Maison qui aurait tenu alors les propos suivants : « Vous n’avez pas le droit de discuter. Vos rapports avec la direction sont des rapports de locataires à propriétaires, ce qui veut dire des rapports de type commercial, sauf qu’il n’y a pas de bénéfices ». Un peu plus tard l’économe aurait confirmé ces propos en ajoutant : « de toutes façons, je suis chez moi ici en France, en bon français cela veut dire ce que cela veut dire ». Si les propos en question ont bien été tenus, ils sont, outre racistes, parfaitement absurdes puisque ce sont alors les Etats africains qui louent les lits de la maison et il n’y a aucunement le rapport commercial mentionné par l’économe et si rapport commercial il y a c’est entre les Etats et leurs étudiants. Toujours est-il que ces propos ne restèrent pas sans réponse. Les étudiants réunis en assemblée générale le jour même établir toute une liste de revendications que l’on peut voir sur le tract ci-joint. Outre la demande du départ de l’économe , et quelques autres revendications circonstancielles portant sur le quotidien de la Maison , la plus importante est sans doute celle ayant trait à la co-gestion, qui avait d’ailleurs déjà été formulé lors de précédentes manifestations. L’Assemblée générale décide aussi l’occupation.
On ne sait quand elle prendra fin exactement, ni selon quelles modalités précises elle se déroula, c’est-à-dire qui y participa vraiment activement et quelles furent alors les activités organisées. Toujours est-il que les résidents obtinrent au moins une chose : la nomination d’un directeur africain, le dahoméen Agboton qui sera à son tour pris à partie quelques mois plus tard. Et, de même que pour d’autres pavillons, la Cité reprendra la situation en main à partir de 1972. Le délégué général Pierre Marthelot réussira à dépouiller les Etats africains de leur pouvoir sur la Maison et la rebaptisera Résidence Lucien Paye, du nom d’un ancien recteur qui avait fait une partie de sa carrière outre-mer mais ceci est une autre histoire.